Ermanno Wolf-Ferrari (1876-1948)
Die vier Grobiane (Les quatre Rustres), opéra-comique en 3 actes

Christina Landshammer, soprano (Lucieta)
Susanne Bernhard, soprano (Marina)
Christine Buffle, soprano (Felice)
Nathalie Flessa, mezzo-soprano (une jeune servante)
Zoryana Kushpler, mezzo-soprano (Margarita)
Markus Francke, ténor (Filipeto)
Uwe Eikötter, ténor (Comte Riccardo)
Peter Schöne, baryton (Simon)
Jürgen Linn, basse-baryton (Lunardo)
Victor von Halem, basse (Maurizio)
Friedemann Röhlig, basse (Cancian)
Münchner Rundfunkorchester
Ulf Schirmer, direction

Ermanno Wolf-Ferrari, vénitien comme il l’était dans une sérénissime marquée par l’emprise autrichienne, plaça son œuvre en équilibre entre deux mondes, le bel canto italien et le post-romantisme germanique, et entre deux langues. Le sujet des "Quattro Rusteghi", pris chez Goldoni, lui inspira son opéra le plus virevoltant, d’une fantaisie délicieuse qui prend son sel dans le Falstaff de Verdi, accumule les ensembles effervescents dans des finales d’actes aux emballements rossiniens. On ne sait pas assez qu’il conçu toutes ses comédies de musique en pensant en même temps des prosodies italiennes et allemandes, les œuvres devant avoir des carrières parallèles des deux côtés des alpes. Quel bonheur de voir qu’Ulf Schirmer s’attache à nous rendre les moutures germaniques que Richard Strauss appréciait tant et qui ne furent pour peu dans ses inspirations très parlando d’"Intermezzo" ou de la "Schweigsame Frau". Hier "Die neugierigen Frauen" ouvraient le bal, aujourd’hui c’est au tour de ces "Vier Grobiane", la plus réussie des transfusions de l’esprit de Goldoni dans la verve théâtrale de Wolf-Ferrari. L’allemand acère encore les caractères, sans jamais alourdir la virtuosité de l’écriture, Jürgen Linn est impayable en Lunardo, Christina Landshamer épatante Lucieta, Christine Buffle campant en deux mots le caractère bien trempé de Felice, et quel abatage à la Barbieri ose Zoryana Kushpler, mezzo opulent de vraie matrone. Sur tout ce théâtre vif argent, Ulf Schirmer règle un orchestre de haute fantaisie qu’Ermanno Wolf-Ferrari a ouvragé en orfèvre. Soirée de pur plaisir, irrésistible. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

The conductor Ulf Schirmer has a special knack for the light Muse – as his regular operetta performances with the Munich Radio Orchestra, many of them documented on cpo, have shown over the years. Munich was also the site of the 1906 premiere of Die vier Grobiane/I quatro rusteghi by Ermanno Wolf-Ferrari, a work answering to the description of a modern comic opera and displaying this composer’s typical combination of marvelously chatty parlando and charming melodicism. There are two sides to the conflict fueling the plot: four curmudgeonly husbands who believe that they can and should exercise absolute rule over their wives and children and female characters who engage in intrigues. The action of the opera is set in Venice and elaborates a source text by Carlo Goldoni (1760). The composer scores his points with a tone of considerable lightness, a small orchestral ensemble entrusted with the presentation of a famous intermezzo, and spirited melodies in part based on folk songs. The wealth of ideas developed in his harmonic scheme remaining within tonal limits is also surprising.