Stanislaw Moniuszko (1819-1872)
Verbum nobile, opéra comique en un acte

Aleksander Teliga
Aleksandra Buczek
Leszek Skrla
Michal Partyka
Janusz Lewandowski
Chœur et orchetsre de l'Opéra du Château
Malgorzata Bornowska, dirction
Warcislaw Kunc, direction

La veine légère chez Moniuszko faisait des étincelles, la plus belle est certainement ce petit opéra comique, écrit entre La Comtesse (Hrabina) et Le Manoir hanté, alors qu’il présidait aux destinées du Théâtre Wielki de Varsovie. Pochade délicieuse qui restitue dans un orchestre mozartien l’esprit d’une intrigue toute dix-huitième Siècle où un jeune homme facétieux usurpe une fausse identité pour parvenir à marier sa belle. Sur ce presque rien si convenu Moniuszko a brossé une petite merveille d’esprit, d’une légèreté de trait, d’un humour vif qu’emporte la direction argentée de Warcislaw Kunc : son couple d’amoureux est formidable, mais aussi le Marcin grand teint de Leszek Skrla (sa polonaise est brillante en diable). Perle de l’ouvrage, l’air de Zuzia, une dumka élégiaque où tout le raffinement de l’écriture vocale de Moniuszko, si pénétrée d’italianisme et pourtant si polonaise parait – Tchaïkovski admirait cet alliage, comment ne pas entendre qu’il se sera inspiré ici - moment que la si belle voix d’Aleksandra Buczek suspend. Vite allez entendre ce petit joyau. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Le Verbum Nobile, c’est la parole donnée par Servatius à son ami Martin, tous deux nobles polonais : Susanne, la fille du premier, épousera Michel, le fils du second. Mais la jeune femme tombe amoureuse de Stanislas, un jeune homme accidenté recueilli par Servatius. Amour impossible, en vertu du verbum nobile. Après quelques péripéties, Stanislas se révèlera être Michel. L’amour peut triompher, dans le respect des conventions sociales. / Pour transcender ce livret plutôt banal, imaginez un compositeur influencé par Rossini et le jeune Verdi, qui composerait une musique située quelque part entre Lortzing et le plus distingué Offenbach, mais dans le caractère polonais. Vous obtiendrez Moniuszko. / Le jeune premier, Michal Partyka (Stanislas), - kavalierbariton comme disent les allemands – est fougueux dans son air d’entrée, et ne se départit jamais d’une certaine noblesse, qui laisse deviner son identité véritable. Le soprano sombre et moiré d’Aleksandra Buczek (Susanne) sied idéalement à sa dumka mélancolique. Aleksander Teliga (Servatius) et Leszek Skrla (Martin) ont la sévère bienveillance de pères de famille soucieux de l’honneur et des convenances. Janusz Lewandowski (Bartholomée) campe un vieux serviteur débonnaire. Warcislaw Kunc entraîne ses solistes dans une direction pétillante et sans temps morts. / En publiant ce troisième volume consacré aux opéras de Moniuszko, le Festival de Szczecin et le label Dux font œuvre patrimoniale. Les mélomanes qui auront la curiosité de découvrir ces opéras ne regretteront pas ce détour par la Pologne. (Olivier Gutierrez)