 Martinu était atteint d’un tropisme grec durant cette année 1958. Parvenu au milieu de la rédaction de sa Passion Grecque, il s’interrompit pour mettre en musique la jolie pièce de Georges Neveux qui lui avait déjà offert le merveilleux livret de "Juliette ou la Clé des songes". Ce "Voyage de Thésée" qui avait déjà inspiré la Troisième des Paraboles attirait décidément trop son attention, la comédie légère allait le délasser de la Passion, prétexte à écrire une petite merveille de légèreté dont l’introduction orchestrale si élégante, avec son ton néobaroque, donne immédiatement la tonalité. Avec un humour certain Martinu y pastiche fugitivement quelques éléments de l’opéra français, mais surtout brosse dans son petit orchestre le portrait psychologique saisissant que Neveux fit de Thésée, voyant dans le Minotaure son double. Ce superbe petit opéra disparu jusqu’ici mériterait bien de retrouver la scène, et l’arioso d’Ariane à la fin est irrésistible. Bravo à Simona Saturova d’y avoir osé ce chant de quasi silence, bravo à toute l’équipe d’avoir soigné ainsi son français pour rendre justice à ce lumineux petit chef-d’œuvre lyrique, vrai bijou de lumière que Tomáš Netopil ose contraster avec le sombre et âpre chef d’œuvre qu’est le "Double Concerto pour piano, timbales et deux orchestres à cordes", sacrant un disque Janus où les deux visages du génie Martinu paraissent. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Compositeur essentiel, le tchèque Bohuslav Martinu (1890-1959) est hélas resté dans l’ombre de Janacek. Son œuvre est pourtant dense et foisonnante, d’une grande variété de genres. Le style original du compositeur, slave mais imprégné d’un certain esprit français (Debussy, Stravinski) mais surtout Albert Roussel, son professeur à Paris, opère un grand écart entre baroque et jazz, et ne se détourne jamais d’une tonalité volontiers acerbe tout en se nourrissant d’une rythmique roborative et d’une orchestration subtile et efficace. Composée sur commande du mécène Paul Sacher à l’aune de la menace nazie sur l’Europe, le Double Concerto (1938), œuvre majeure du compositeur, à l’allure faussement bonhomme d’un concerto grosso avec solistes (deux orchestres, piano, cymbales) mais entrecoupé de violentes fulgurances orchestrales et des atermoiements d’un piano hagard, le tout encadrant un beau mouvement lent rhapsodique. Par sa thématique et son style, l’opéra Ariane (1958) est issu de la composition de la « Passion Grecque » et du triptyque orchestral « Les Paraboles ». Martinu s’inspire du livret du dramaturge Georges Neveux « Le voyage de Thésée » héros partagé entre la lutte avec le Minotaure et l’amour d’une femme. Trois tableaux comportant arias et sinfonie instrumentales sur le modèle des opéras italiens du XVII siècle. L’enregistrement du Philarmonique d’Essen dirigé par Tomas Netopil bénéficie de la force et de la spontanéité inhérentes au concert (Double Concerto) et de l’incarnation puissante des deux chanteurs protagonistes de l’opéra : Simoa Saturova et Zoltan Nagy. (Jérôme Angouillant)  “I am writing a new small opera, a one--acter, as I would also like to have a rest from the grand-- scale opera, The Greek Passion, which has taken its toll.” Martinu composed Ariane within a mere month, in the summer of 1958. The Greek myth of Ariadne, the daughter of Minos, King of Crete, who helps Theseus slay the Minotaur, has been set to music by a number of renowned composers. Martinu was captivated by Georges Neveux’s drama Le Voyage de Thésée, on which he based his own libretto. Theseus is portrayed as a split personality, struggling with himself and overwhelmed by love for a woman. Tomáš Netopil and his Essener Philharmoniker have made a new recording of the opera some" 30 years after the one created by Václav Neumann and the Czech Philharmonic. An extraordinary account of the title role is given by Simona Šaturová, whose final lament as the abandoned Ariane is simply breathtaking. Besides the opera, the CD also features the Double Concerto, a work representing the apex of the composer’s French period and written amidst dramatic circumstances. Martinu began sketching it in the summer of 1938, at a time when a tense atmosphere dominated Europe, and this omnipresent fear and discomposure are also reflected in the piece : "... I have the impression that the tragic events, which we still remember... and this fraught atmosphere is engraved on these very pages". Martinu duly imbued it with his strong emotions relating to the fate of his homeland : "It is a piece lived through under difficult circumstances, yet it possesses neither despair nor gloom, but implies revolt, courage and an unshakable faith in the future, expressed by means of abrupt dramatic surges, a current of notes that does not stop for a second...". A great story within a single Act - the dreamy Ariane of Simona Šaturová and Tomáš Netopil.

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