 Indication préalable : ce recueil de pièces pour clavier de l'immense génie musical de la renaissance anglaise qu'a été Byrd, fait, ô miracle, l'objet d'un long et remarquable article dans l'encyclopédie en ligne Wikipedia. Biographie du compositeur, histoire du manuscrit, considérations sur le tempérament et les instruments de l'époque, analyse du contenu de l'œuvre, de son agencement (en cycles) que complète une étude détaillée de chacun des morceaux dont la partition est partiellement reproduite dans une typographie moderne, le tout illustré par une iconographie mettant en valeur la beauté du manuscrit relié en maroquin rouge, splendidement calligraphié par Baldwin à partir des originaux, sélectionnés, revus et organisés par le compositeur lui-même, mais aujourd'hui perdus. Document passionnant et d'autant plus incontournable que la notice accompagnant le présent coffret n'est pas traduite en français. Comme le soulignait feu Antoine Goléa , « avec William Byrd, tout changea.» « Grand polyphoniste [...] au style extrêmement orné mais où l'ornement jouait un évident rôle expressif », [ce ] « baroque avant la lettre, [...] » doit plus sa célébrité à sa musique pour clavier qu'à ses œuvres vocales religieuses — conçues, en pleine période de troubles tant pour la liturgie catholique que pour le culte anglican. Comme son titre l'indique, le recueil est dédié à une certaine Lady Nevell — on s'accorde aujourd'hui à reconnaître là Elisabeth Nevill, 3ème épouse de Sir Henry Nevill de Billingbear Berkshire, filleul d'Henri VIII. Conservé aujourd'hui à l'English Library, le très précieux ouvrage dont de nombreuses pièces figurent aussi dans le Fitzwilliam Virginal Book (recueil collectif le plus important de musique pour virginal, sorte d'épinette utilisée durant la période élisabéthaine) réunit des fantaisies (« musique faite sans chanson » née directement de l'idée , des humeurs du compositeur), des variations sur des thèmes connus, (devenant en cours de développement de plus en plus complexes), des grounds (morceaux composés à partir d'une basse obstinée), des musiques de danses (pavanes et gaillardes essentiellement). Ces genres se combinent d'ailleurs dans certaines pages. On trouve là encore, la plus ancienne pièce de musique instrumentale « à programme » attestée : l' évocation musicale des épisodes successifs d'une bataille — genre déja pratiqué, mais vocalement, par Janequin. Seuls quatre morceaux sont explicitement dédiés à Lady Nevell. Après D. Moroney, auteur d' une superbe intégrale de l'œuvre pour clavier de Byrd et le Ladye Nevells Booke de Hogwood, Belder qui s'est acquis une réputation internationale et a remporté de nombreux prix a, à son tour entrepris d'enregistrer toute la production instrumentale du compositeur anglais. Contrairement à Moroney qui disperse le contenu du Lady Nevells parmi d'autres pages, Belder en conserve ici l'agencement dont pavanes et gaillardes constituent le pivot essentiel. Tout comme les autres interprètes, il mobilise plusieurs instruments, en véritable peintre jouant subtilement des coloris, et créant des atmosphères singulières (depuis un virginal de 1604, une copie d'un muselaar de 1611— instrument proche du virginal— jusqu'à des copies de clavecins Ruckers postérieurs à Byrd. La différence des choix d'instruments —certains musiciens font dans telle ou telle pièce aussi usage de l'orgue— peut amener l'auditeur à préférer tel ou tel interprète, tant le jeu d'un Hoogwood, d'un Moroney ou ici d'un Belder, témoignent d'une maîtrise et d'un accomplissement aussi aboutis que différents. C'est en particulier par la finesse et la subtilité de ses ornementations que Belder touche. On appréciera, par exemple, la délicatesse amusée et poétique de la Galliard Gygge, sur un clavecin vénitien aux jeux étonnamment contrastés, l'aimable enjouement et la clarté du Lord Willebies Welcome, la calme obstination qui préside à la Lesson of Voluntarie, l'échelonnement des différents types et rythmes de marche et les oppositions de sonorités (grave/aigu) sur le clavecin à deux claviers dans la Bataille, l'aspect capiteux de l'engendrement des harmonies et des résonances dans The Huntes Upp... On attend avec impatience la poursuite de ce projet déjà magnifiquement engagé. (Bertrand Abraham)  The only complete available recording of a landmark in Elizabethan keyboard music. With a huge catalogue of Brilliant Classics recordings to his credit, Pieter-Jan Belder has won particular praise for his ambitious project to record the complete Fitzwilliam Virginal Book (95915), a treasury of English keyboard music from the late Elizabethan and early Jacobean era. Now he focuses his attention on the greatest English composer of that age, with a volume dedicated to William Byrd, and to his largest single collection of music for the keyboard. Byrd's vocal works would have assured him a place in history as the greatest English composer of his generation. Yet he was also arguably the outstanding composer of his time in the realm of instrumental music - probably the first musician to achieve supreme stature simultaneously in music for voices, for instrumental consort, and for solo keyboard instruments. Though it has passed through the hands of many celebrated figures such as Elizabeth I herself, My Lady Nevells Booke has belonged continuously to members of the Nevill family since 1830, and has been kept at the family seat near Tunbridge Wells in Kent. When Christopher Hogwood made the first complete recording of its contents, he wrote that it 'occupies a unique and privileged position from the musical, musicological, chronological and calligraphic points of view.' The copying of the pieces was undertaken and completed in September 1591 by John Baldwin, a clerk at St George’s Chapel, Windsor, and Lady Nevell’s name was incorporated into the design of the cover as well as the pieces dedicated to her opening each of the volume’s three main sections. The Lady Nevell in question was a generous, capable and cultivated woman who endowed a charitable school and an Oxford college. Like The Fitzwilliam Virginal Book, My Ladye Nevells Booke embraces the most popular genres of its day. Its contents are typical fare for English Renaissance composers: dances, variation sets, marches, contrapuntal fantasies and programmatic pieces, and the repertory comes from a period beginning in the mid 1560s. Byrd makes each of these genres his own with consummate ingenuity; the variety and the beauty of the collection as a whole rewards players and listeners alike. The CD booklet contains an extensive essay on My Ladye Nevells Booke by Jon Baxendale, who is co-editor of the latest edition of the score.

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