 Année 1960, les compositeurs classiques découvraient Scott Joplin, son unique opéra, "Treemonisha", enfin retrouvé allait être orchestré et remis sur les planches, l’occasion de s’immerger les nombreux ragtimes composés tout au long de sa vie par ce pianiste brillant. William Bolcom et d’autres compositeurs américains de la même génération se mirent illico à composer des "rags" , se livrant à un véritable concours d’excellence, Bolcom saisissant d’emblée toute la diversité expressive que le genre permettait, en écrivant quantité au débotté sans jamais oublier d’en parfaire l’écriture et d’en raffiner les rythmes comme les sentiments, colorant nombre d’entre eux d’échos de tango ou de samba, citant les œuvres de Nazareth, ouvrant dans ces formes brèves parfois réunies en suites tout un imaginaire foisonnant qui rendent rétrospectivement ce corpus enfin rassemblé diablement attachant. Marc-André Hamelin s’en régale, ses doigts virtuoses distillant avec art humour et tendresse, faisant danser les rythmes, et déployant un arc en ciel de couleurs parfaitement capté par les micros de Judith Sherman. Des danses oui, mais aussi un distillat d’émotion, écoutez seulement "Lost Lady Rag"… (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Il y a quelques années, le label New World Records proposait les 12 Nouvelles Etudes de William Bolcom interprétées par Marc-André Hamelin. La virtuosité explosive du pianiste y faisait merveille. Aujourd’hui, nous disposons d’une sorte de condensé de l’écriture du rag, l’intégrale que le compositeur américain écrivit, soit plus de 2 heures de musique. Le passionnant texte de présentation signé par ce dernier revient sur sa découverte, dans les années soixante, de la musique de Scott Joplin. Toute une part sonore de l’histoire américaine avait été oubliée et plusieurs compositeurs dont Bolcom se passionnèrent pour ce genre musical, l’adaptant progressivement aux esthétiques de leur temps. C’est tout le talent de Marc-André Hamelin, lui-même compositeur, de restituer les divers apports de cette musique, brillante, véloce, nostalgique et humoristique, mais aussi faussement ingénue et plus souvent, encore, filmique. Les pulsations des doigts sur le couvercle du piano et une mélodie brisée de Knockout ‘A Rag’, les influences, du tango (Rag-tango), les déhanchements à la Charlot (Tabby Cat Walk)… Que de pages magnifiques à déchiffrer et pour certaines avec un niveau élevé de technique ! Voilà un disque qui réclame soit la concentration de l’auditeur, tant le jeu de Marc-André Hamelin est d’une précision et d’une souplesse extraordinaires ou bien volume baissé, le plaisir fond sonore pour cause d’apéritif ! (Jean Dandrésy)

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