Carl Maria von Weber (1786-1826)
Der Freischütz, opéra en 3 actes

Alfred Poell, basse (Ottokar)
Elisabeth Grümmer, soprano (Agathe)
Kurt Böhme, basse (Kaspar)
Otto Edelmann, basse-baryton (L'Ermite)
Oscar Czerwenka, basse (Cuno)
Rita Streich, soprano (Ännchen)
Hans Hopf, ténor (Max)
Karl Dönch, basse-baryton (Kilian)
Chor der Wiener Staatsoper
Wiener Philharmoniker
Wilhelm Furtwängler, direction

Dans un texte de 1950, inclus dans son « Musique et Verbe », Furtwängler voyait dans le Freischütz outre le premier opéra romantique d’Outre-Rhin, un ouvrage « comme on n’en a jamais écrit et comme on n’a plus été capable d’en écrire ». « Le fruit d’une chance (...) l’effet d’une grâce ». L’opéra allemand par excellence. C’est seulement en 1954, quatre mois avant sa mort, que le chef put enregistrer toute l'œuvre (moins quelques coupures) : en public, au festival de Salzbourg avec une distribution à maints égards idéale : ainsi, Elisabeth Grümmer était l’interprète rêvée du rôle d'Agathe qu’elle réenregistra en studio avec Keilberth. Elle était, en live, d’autant plus indépassable par sa vigueur, sa fraîcheur, sa constance, sa clarté et l’ampleur de son souffle, (acte II, notamment) que la fameuse lenteur du chef ne faisait qu’ajouter à la difficulté. Rita Streich se montrait parfaitement en osmose avec elle. Kurt Böhme était, en Kaspar, l’incarnation même de la noirceur, de la perfidie, et sa voix de basse était sinistre jusque dans ses éclats les plus vociférants. Seul le Max de Hans Hopf restait en retrait, statique, mais n'était-il pas, en fait, conforme à son personnage torturé de héros antihéros, qui s’est laissé séduire par les puissances du mal ? Rien d’intellectuel chez Furtwängler : prenant l’œuvre à bras-le-corps, son approche fusionnelle procèdait d’une sorte de « naïveté » , d’ une « attitude d’esprit détendue » seules aptes selon lui à appréhender, même dans les passages sombres, une œuvre enracinée dans les légendes populaires, le sentiment d’un peuple, les forces, salvatrices ou diaboliques de la nature et de l’homme à son contact. Le son n’a pas, ici, été artificiellement «amélioré», d’où les bruits propres au live, le volume instable, parfois evanescent, les blancs, accrocs dus aux déficiences techniques. Une « Archive Historique », ne serait-ce que pour Grümmer. (Bertrand Abraham)

The historical discography of Der Freischütz is huge and long-standing. However, none of the great conductors of the past (Toscanini, Walter, Furtwängler, Karajan) have left a studio recording. This precious edition by Furtwängler was made available only in the 1990s during a performance at the Salzburg Festival in 1954, the last year of the director’s life and fortunately this was not an amateur tape! The performance was instead recorded by Austrian radio technicians, and still today it can be counted among those that enjoy excellent sound quality, in many cases superior to contemporary studio productions. Needless to underline its historical importance. The only thing that can be said is that, despite the many years that have passed, it remains among the most impressive and profound edition ever released.