 Bologne est la seule ville d'Europe où a fait étape, en 2014, l’exposition itinérante du Mauritshuis de La Haye, conçue autour de 37 chefs-d'œuvre de l'âge d'Or de la peinture néerlandaise dont la mythique Jeune Fille au Turban de Vermeer, dite la Joconde du Nord, ou — plus encore — la Jeune Fille à la Perle. À travers Vermeer et ses contemporains on célébrait aussi les échanges, l'osmose entre peinture et musique, entre Italie et Pays-Bas : la musique a fourni aux peintres maints sujets de scènes d'intérieur (leçons de musique et concerts intimes où fleurissaient ces instruments à clavier richement ornés, dans la facture desquels Flamands et Néerlandais s'étaient faits une réputation internationale — certains s'installant en Italie). Tandis que les formes, styles, genres musicaux de cette même Italie, essaimant partout en Europe, inspirèrent, fécondèrent, influencèrent les mélodies du Nord. Cet enregistrement, réalisé en 2014 en tant que CD exclusivement lié à l'exposition bolognaise, reparaît aujourd'hui, faisant du coup fonction d'hommage ultime à Jaap Schröder, disparu en 2020. Superbe objet tant par l'iconographie de sa notice que par son programme très ingénieusement composé, il réunit par groupes de 2, 3, ou 4 des morceaux ayant pour source un même air, un même thème, une même danse, ce dont témoigne souvent leur titre : 4 « rossignols anglais » 3 « daphnés », 2 « Wilhelmus », 3 « Bruynsmedelijn » ou « Bassa flammenga » etc. qui, passés d'un pays à l'autre, voués à un instrument différent, réélaborés, se sont enrichis (diminutions, ornements…) de monodiques sont devenus polyphoniques, et constituent en quelque sorte autant de variations les uns par rapport aux autres. Van Eyck, et Sweelinck constituent souvent deux « points de passage » obligés. Dans chaque groupe les pièces sont autant de perles délicates, translucides et brillantes, porteuses d'affects parfois différents en dépit de leur grande parenté. Des interprétations qui coulent d'elles-mêmes, des sonorités superbes, c'est admirablement rendu et d'une exquise fraîcheur. (Bertrand Abraham)  The title of this CD is an allusion to the great Vermeer exhibition at Pallazo Fava in Bologna in 2014, where the famous painting of the mysterious “Girl with the Pearl Earring” was the iconic teaser. Just one street away from the Pallazzo, in the Museo San Colombano, you can find Fernando Tagliavini’s impressive collection of historical instruments. The curator and musician Liuwe Tamminga came up with the idea of recording music from Vermeer’s time on some of these skilfully restored instruments. As usual with his many recordings, Tamminga succeeds in putting together compositions that revolve around a particular theme, and he gathers musician friends around him to make the picture even more interesting. This CD even features the late Jaap Schröder - one of the pioneers of early music in the Netherlands - and this may be his very last recording. Together with Luigi Ferdinando Tagliavini and Peter Van Heyghen, these exceptional artists offer some fascinating moments with music from the Netherlands in Vermeer’s time, with works by Sweelinck, van Eyck, Schop and Reinken.

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