Les hasards de la publication font se succéder 2 enregistrements liés à la « thématique » des diminutions dans la musique ancienne. CDs aussi enthousiasmants et aboutis. Ainsi j'attirais le mois dernier l'attention sur le Seicento ! de l'ensemble de E. Onofri. Il est ici fraternellement et festivement prolongé par l'Estro d'Orféo de L. de Lera, où l'on retrouve d'ailleurs d'autres œuvres de 5 des compositeurs de l'autre enregistrement. L'art de la « diminution » consiste à remplir par des notes brèves l'intervalle entre deux notes longues de hauteurs différentes, selon des combinaisons multiples mais qui font l'objet d'une codification. On est à la fois dans l'ornementation et dans l'improvisation et la saveur si spéciale de ces pièces, leur éclat, leur beauté, leur jaillissement permanent, leur ivresse, sont largement redevables à la maîtrise de cet art de l'engendrement dans l'engendrement. Deux différences entre ces productions : ici, l'instrumentarium est un peu plus fourni ou un peu plus « alternatif » : des violes (dont une, au son prenant, dite viole bâtarde) au lieu du violoncelle baroque, une guitare à la place d'un archiluth, deux violons au lieu d'un. Si Onofri propose une anthologie d'œuvres toutes « existantes », les 5 (au lieu de 4) interprètes, se risquent ici, pour illustrer la pratique des diminutions, à en composer eux-mêmes d'après des exemples empruntés à des partitions de l'époque. Le résultat est somptueux : richesse prodigieuse des timbres, contrastes surprenants, élans et rebondissements à l'intérieur desquels trouvent à s'inscrire des stases d'extase planante. Le violon est, comme dans l'autre disque, merveilleux d'entrain, d'audace, de folie. Le doux se mêle au rauque, les sons s'égrènent et se précipitent dans un bonheur constant. Là, encore, un récital splendide, qu'il faut ajouter à celui d'Onofri. (Bertrand Abraham) Diminutions, the art of extemporary embellishment or melodic variation, were an essential part of performance practice of the Renaissance and earlyBaroque periods. The basis of diminutions is the fragmentation of a long note or series of long notes into many shorter and faster ones that movearound the original melody. In the 16th and early 17th centuries, a composition as written by the composer was often regarded as raw material and itwas normal and even required of musicians to embellish the works performed. The number of treatises that were devoted to the teaching of thissubject is a clear indication of the importance of diminutions at that time. Most of these manuals included a collection of decorated melodies takenfrom renowned madrigals, motets and chansons by well-known composers of the time. These pieces give us clear examples of how music wasperformed during that time and what was considered the proper way to embellish a piece of music. Often technically demanding, these pieces gavescope for virtuoso display as they required great dexterity from the performer. In conclusion, diminutions were added to make a piece of music more‘beautiful’.This CD explores the widespread practice of diminutions by presenting published examples of diminutions on well-known motets, by mastercomposers; diminutions on popular melodies or dance forms and finally, diminutions composed by the performer as artist. I hope this recording willbring the listeners closer to the subject of diminutions which is, in my opinion, an art in itself.
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