Vaclav Talich dirige Dvorák et Suk Œuvres orchestrales - PACL95012 - Historique

Des incunables ! Les matrices qui ont servi pour les enregistrements proposés par le label Parnassus sont connues des collectionneurs. Mais c'est avant tout la qualité du travail de leur transfert qu'il faut saluer. Témoignage irremplaçable d'un orchestre créé en 1896 avec à sa tête Antonín Dvorák pour le concert inaugural, la formation fut reprise d'une "main de fer", en 1918 par Vaclav Talich. Formé à l'Ecole Berlinoise d'un Nikish, élève de Reger, violoniste hors-pair (l'histoire "parallèle" d'un quatuor qui dura 40 ans en témoigne), il imposa une rigueur durant sept ans, ne se consacrant qu'à son orchestre pour enregistrer finalement, en 1929, une Ma Vlast historique. Suivirent quantité d’enregistrements qui ont marqué la discographie des œuvres. A la mesure d'un Toscanini, Talich possédait ce souci de l'exactitude du tempo, du phrasé. Mais il se dégage aussi un charme et une vitalité rythmique à vous couper le souffle. Avec Joseph Suk, qui rappelons-le, fut l'élève préféré de Dvorak et accessoirement son gendre, se poursuit cette incomparable légèreté de style tchèque d’un jeune compositeur, encore bien éloigné de sa Symphonie "Asraël". Talich ne cessa de faire connaître l'œuvre de Suk. Imaginons cette tradition de la direction d'orchestre née avec Nikisch et disparue le 16 mars 1961... Une tradition qui donne le vertige. La Symphonie n° 8 fut captée au cours d’une tournée de l’orchestre à Londres en 1935 et elle parut sous étiquette His Master Voice. On reste stupéfait par la modernité de la direction, le climat théâtral qui naît de la beauté des cordes et des cuivres. C’est à la fois le sens inné du mouvement et l’équilibre chantant qui annoncent parfaitement les jalons historiques des années d’après-guerre avec Ancerl. Bref, deux gravures "historiques". (Jean Dandrésy)