Giuseppe Tartini (1692-1770)
Sonate en sol mineur "Les Trilles du Diable"
Sonate en sol mineur, op. 1 n° 10 "Didone abbandonata"

Antonio Vivaldi (1678-1741)
concerto grosso en la mineur, op. 3 n° 8, RV 522
Concerto pour 2 violons en sol mineur, RV 517
Concerto pour 2 violons en ré majeur, RV 512
Concerto pour 2 violons en do mineur, RV 509
Concerto pour 2 violons en ré mineur, RV 514

David Oistrakh, violon
Igor Oistrakh, violon
Lev Oborin, piano
Vladimir Yampolsky, piano
Royal Philharmonic Orchestra
Eugene Goosens, direction
Philadelphia Orchestra
Isaac Stern, direction

Toute interprétation musicale est datable et beaucoup finissent par devenir datées. Quelques-unes cependant sont d’une telle noblesse et hauteur de vue, d’une telle simplicité aussi, qu’elles ne cessent jamais d’émerveiller. C’est le cas, me semble-t-il, de celles gravées ici par David Oïstrakh. Certes, on ne joue plus ainsi ni Tartini ni Vivaldi : instruments, coups d’archet, pathos, connaissance des pratiques baroques, tout a changé depuis l’époque de ces enregistrements (1957-1961). Et pourtant. Quelle splendeur ! Quelle souveraineté ! Quelle intégrité ! La technique des violonistes (Oïstrakh est rejoint par son fils Igor puis par Isaac Stern dans les doubles concertos de Vivaldi), jamais démonstrative, même dans les passages les plus virtuoses, est d’une sûreté absolue : c’est vraiment l’art qui "se dissimule à force d’art", comme disait Ovide. Quant à l’émotion, elle est constamment présente, mais toujours sobre, retenue, intériorisée, sérieuse même : il ne s’agit jamais de s’épancher, mais seulement de chanter, de façon aussi intemporelle que possible. De ce point de vue, les deux sonates de Tartini sont, tout particulièrement, de purs joyaux. (Emmanuel Lacoue-Labarthe)