Johannes Brahms (1833-1897)
Concerto pour piano n° 2 en si bémol majeur, op. 3
Sonate pour piano n° 2 en fa dièse mineur, op. 2
Intermezzo en do majeur, op. 119 n° 3
Rhapsodie en mi bémol majeur, op. 119 n° 4

Sviatoslav Richter, piano
Chicago Symphony Orchestra
Erich Leinsdorf, direction

Au sommet ! Des diverses versions gravées par le pianiste russe, celle-ci, avec Chicago et Leinsdorf est une référence de la discographie. Captée en 1960 pour RCA, elle brille déjà par la prise de son à la fois analytique et chaleureuse. Tout dans la puissance et le chant du toucher de Richter, la dimension organique du geste mais aussi dans la beauté dense de l’orchestre sous la baguette de Leinsdorf et jusque dans le violoncelle solo dont la partie est si essentielle dans le mouvement lent, tout est à marquer d’une pierre blanche. On a pu reprocher ici et là, quelques raideurs dans le jeu du soliste – il est vrai que Richter n’était jamais aussi à l’aise qu’en concert – mais cette lecture enflammée et passionnée qui devait être enregistrée à l’origine sous la baguette de Reiner enthousiaste. L’art du chant – écoutez le début du finale – se combine avec une énergie irrépressible et une rigueur qui se refuse à tout pathos. C’est un piano impérial porté par un véritable dialogue et des pupitres de Chicago étincelants. La Sonate n° 2 de Brahms, la plus dense et puissante des trois, un véritable torrent de passion, ne bénéficie pas, en URSS, des mêmes qualités de prise de son. Nous sommes alors en 1959 et Richter grava par la suite cette œuvre pour Decca. Mais, c’est à Moscou, qu’il déploie ce caractère fulgurant, littéralement démoniaque, génialement inspiré dans le Scherzo. En complément de programme, deux des intermezzi de l’opus 119 nous prennent sous leur charme. Aucune effusion hors de propos, mais toujours l’élan, si caractéristique de l’engagement physique de Richter. Deux pièces qu’il transforme en de véritables cadences de concerto ! (Jean Dandrésy)