 Charles Mackerras l’a souvent déclaré : Janacek fut l’objet de son art et en partie le sujet de sa vie d’artiste. Avec les Wiener Philharmoniker et la géniale Elisabeth Söderström il aura gravé quasi tous les opéras de l’auteur de "Jenufa", donnant à ces chefs d’œuvre une visibilité mondiale : Janacek entrait par le disque dans tous les foyers de mélomane. Le combat était gagné, Mackerras poursuivrait ses amours avec son compositeur favori dans la patrie de celui-ci, et pour le label national tchèque, revenant à "Taras Bulba", à la Sinfonietta, abordant enfin la "Messe Glagolitique" (par deux fois, en audio et en vidéo, il enregistrera aussi la version originale pour Chandos), gravant "Jalousie", l’Ouverture de "Sarka" (ainsi que tout l’opéra), "Amarus", "Schluck und Jau", ce chef d’œuvre inconnu où passe des échos de la Seconde Ecole de Vienne, laissant hélas de coté "Danube". Somme déjà considérable, à laquelle s’ajoute de merveilleuses suites d’orchestre tirées de "La Petite Renarde", surtout de "Katia Kabanova" à laquelle il reviendra intégralement pour Supraphon : écoutez seulement l’intermezzo de l’acte 2. Une inexpugnable vitalité arde ces gravures des années 1990, splendidement captées par les ingénieurs de Supraphon, la Philharmonie Tchèque y ajoutant ces sonorités épicées qui donnent une image sonore rude que les viennois auront trop tiré vers une esthétique néoromantique. Le vrai visage de Janacek selon Charles Mackerras serait-il dans cette belle boite ? L’éditeur ajoute un disque Martinu, autre objet plus tardif de l’art du chef anglais, extension bienvenue qui fait entendre à plein le foisonnement des "Fresques de Piero della Francesca", donne une lecture anguleuse du Double Concerto, et probablement, au coté de celle de Wolfgang Sawallisch, la version de référence de la "Field Mass". (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

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