Heinrich Schütz (1585-1672)
Dafne, opéra en 5 scènes (reconstruction R. Wilson)

La Capella Ducale

Tobias Hunger, ténor (Apollo)
Marie Luise Werneburg, soprano (Dafne)
Magdalena Podkoscielna, soprano (Venus/Nymphe)
Magdalene Harer, soprano (Cupido/Nymphe)
Georg Poplutz, ténor (Ovidus/un berger)
David Erler, altus (un berger)
Joachim Höchbauer, basse (un berger)

Musica Fiata
Roland Wilson, direction

Une gageure : reconstruire totalement la partition perdue de l' « opéra » de Schütz, Dafné, donné en 1627 pour un mariage aristocratique. Seul subsiste le livret de Opitz, version allemande rimée de celui de Rinuccini pour les opéras éponymes de Péri et de Gagliano. Et comme Opinez ne comprenait rien au récitatif italien, des doutes ont surgi . N'était- ce pas plutôt du théâtre juste entrecoupé d'airs chantés ? Mais pourquoi alors des chanteurs et non des acteurs ? Pourquoi Schûtz aurait-il utilisé un livret traduit s'il ne voulait pas composer d'opéra ? Wilson compare son travail à un sudoku ! Métaphore d'un humour prétentieux. Le travail musicologique serait un passe-temps divertissant (en temps de covid ! ) Mais il se pose aussi comme « scientifique » car un sudoku n'a qu'une solution, il est absolument logique : pure vérité des chiffres !! Or ici, la déduction à partir d'indices ne saurait prétendre à une telle objectivité. Wilson trouve des airs de Schütz qui, sur le plan de la métrique « collent » parfaitement au texte de Opitz, et plaque celui-ci sur ces airs. Il ajoute d'autres matériaux d'époque, au nom, par exemple, de la pratique du pasticcio, courante alors : Monteverdi, Marini, sont amplement convoqués. La copie est souvent boursouflée, en décalage avec le contenu du livret : cuivres et bois sollicités à l'excès, lourds, pesants, dramatiques, lugubres y compris dans des passages élégiaques. Une espèce d'Orféo appuyé, surjoué, et hors de propos, où les instruments écrasent les chanteurs. Construction monotone, ennuyeuse de symétrie, car outrancièrement « modélisée». Bof ! (Bertrand Abraham)

The first and presumably only performance of the opera Dafne took place in Torgau on April 13, 1627, as part of the festivities celebrating the marriage of the Saxon Duchess Sophie Eleonore and the Hessian Landgrave Georg II. Although the libretto by Martin Opitz appeared in print, virtually nothing of the music has survived. At first glance, the reconstruction of an opera whose music has not survived appears to be a daring undertaking. In fact, however, there are many clues to the structure of the work, so that it was possible to produce something that, although not identical to the original, is very close to it. In all, there are a dozen mostly secular works by Schütz in the present reconstruction by conductor Roland Wilson, making up about half of the entire opera. Says Wilson himself, "You'll hear some glorious pieces by Schütz and his contemporaries that you probably never would have listened to otherwise."