 Venu de l’interprétation historiquement informée, Jan Willem de Vriend poursuit son voyage dans le romantisme. Pari impossible croiront certains dans une discographie aussi encombrée ? Ses Schubert avec la Haye m’avaient surpris en bien, ses Schumann avec son nouvel orchestre norvégien confirment cet art d’attaquer, ce sens rythmique décoiffant, cette capacité à relire sans trahir les arcanes des partitions. Pour Schumann, l’apport est encore plus décisif que pour Schubert, l’orchestre du rhénan étant singulier au point que même Mahler aura voulu l’habiller. Le chef entend cet univers à part, l’incarne dans un jeu qui mesure le vibrato, revisite les phrasés, exposant les vraies couleurs que les grands orchestres symphoniques auront trop transformées en grisailles. Fabuleux évidemment pour les clairons du Printemps, et aussi pour la diversité des paysages de la Rhénane. Mais écoutez aussi les sfumatos de l’Adagio de la difficile Deuxième dont Jan Willem de Vriend capture la poésie sans oublier d’en magnifier la structure. Sommet, une Quatrième Symphonie visionnaire, qui culmine dans un final au raptus saisissant. Ne passez pas à côté de ces révélations : la découverte de la phalange norvégienne y participe à plein. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Sur les très nombreuses interprétations des symphonies de Robert Schumann (1810–1856), les avis sont divisés. On peut aimer les orchestres puissants (mais précis) et adorer par exemple les enregistrements de Leonard Bernstein, avec lequel la deuxième symphonie acquiert une densité dramatique incroyable. À l’opposé du spectre, on trouve des interprétations avec une direction beaucoup plus légère (écouter par exemple Yannick Nézet-Seguin et l’Orchestre de Chambre d’Europe), laissant redécouvrir d’incroyables détails avec une tension et une précision époustouflantes. Le point de vue retenu est ici, s’il est plus proche du second, n’oublie pas les leçons de Bernstein. L’Orchestre Symphonique de Stavanger, sous la direction du néerlandais Jan Willem de Vriend, se révèle de haut niveau, et est servi par une prise de son de qualité. La Deuxième Symphonie, si elle n’égale pas les sommets atteints par Nézet-Seguin et du COE, reste excellente. Mais la joie qui irrigue la Première Symphonie (écrite à une époque que Schumann décrivait comme « heureuse ») est particulièrement tangible et est admirablement bien servie par l’orchestre et le chef, et vaut à elle seule l’acquisition de ce disque. (Walter Appel) Jan Willem de Vriend: Working with this orchestra is very special, and I think it has to do with a very old tradition. A long time ago, they invited my colleague, Frans Brüggen, just as he was starting to conduct. He learned the orchestra about the old music style, the way of playing in the time of Mozart, Beethoven, Bach—how they played and how you must approach the music. On his part, Brüggen put something in the orchestra that I would say is now part of their DNA: the flexibility, the curiosity, and the way to approach the music. It’s so special, here in Stavanger. Schumann’s music is to me something unique, because what he’s writing is so personal; on one hand it is sometimes very emotional, but on the other hand, it’s technically perfect. In music, I don’t often find those two elements together.
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