L’une des plus belles œuvres sacrées de Schubert, la Messe en mi bémol, datant de la fin de sa vie, ici dans une interprétation qui, sans aucun doute, fera date : Sir Charles Mackerras, grand spécialiste du compositeur, à la tête de de la Staatskapelle de Dresde et de solistes de renom.  Mi bémol...« L'Héroïque ». L'association chère à certains musicologues perdrait de sa valeur à trop secondariser d'autres dimensions expressives nées dans cette tonalité, en premier lieu la plénitude sonore et spirituelle, éloignée des tensions beethovéniennes, de partitions telles que la Symphonie n°43 « Mercure » de Haydn ou bien encore la Messe D.950 de Schubert. Cette sixième et dernière messe composée en 1828 et créée l'année suivante agit comme un apaisement inespéré, ultime irruption de lumière étonnant le solitaire errant aux heures crépusculaires du Quintette, de la dernière sonate et du « Voyage d'hiver ». Les interrogations métaphysiques angoissées ne sont certes pas absentes mais leur violence et leur âpreté disparaissent au contact des paroles sacrées. Mackerras maintient une intériorité juste et légitime, les contrastes de climats, de rythmes et de tonalités suggérés par le texte n'étant jamais surdramatisés. Le périlleux équilibre entre les voix et l'orchestre est réalisé de façon optimale, aucune forme de surenchère ne figeant la puissance des tutti dans un monument massif ou marmoréen. La clarté jubilatoires des fugues rappelle combien la direction de Charles Mackerras est un modèle de goût, d'intelligence et de musicalité. (Pascal Edeline)  Le lien de Schubert avec la musique sacrée remonte à sa jeunesse, lorsqu'il chantait à l'âge de 11 ans dans la Lichtenthaler Kirche à Vienne et qu'il fournit un peu plus tard pour cette même église des messes et œuvres religieuses destinées à l'office. La Messe en Mi bémol D 950 appartient à l'inverse à ses dernières œuvres achevées, et fut composée en 1828 à Alsergrund, probablement pour l'Eglise de la Sainte Trinité de Vienne. Comme beaucoup des grandes œuvres de Schubert, elle tomba dans l'oubli après sa mort et ne fut redécouverte qu'en 1865 grâce à Johannes Brahms. Sir Charles Mackerras, grand spécialiste de Schubert, vient d'enregistrer cette messe pour ses débuts tardifs à la tête de la Staatskapelle de Dresde avec des solistes de renom, comme Genia Kühmeier et Matthew Rose. Les Vesperae solennes de confessore KV339 de Mozart, toujours très appréciées du public avec leur célèbre “Laudate Dominum“, sont bien plus qu'un complément de programme : elles nous présentent les origines de la musique sacrée de Schubert.

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