Samuel Coleridge-Taylor Quintette pour clarinette - Œuvres pour violon et piano Wright Eskin Ludwig

Né d’un père Krio, étudiant médecin de Sierra-Leone et de mère anglaise, Sambo Taylor (1875-1912) ne connut guère son géniteur qui retourna très vite en Afrique. Confié pour son éducation à un couple de Croydon, les Martin, Sambo devint par son baptême Samuel Coleridge-Taylor, étant placé sous le parrainage spirituel du poète anglais Samuel Taylor-Coleridge (1772-1834). Se signalant très tôt à Croydon par de réels dons musicaux qui le font admettre au RCM de Londres, il devient un protégé de Sir Charles Villers Stanford et gagne la reconnaissance de Sir Edward Elgar, avant de mériter aux États-Unis le surnom de Mahler Africain… et de disparaître prématurément à 37 ans. Le roman à soi tout seul d’une vie brève, en somme, mais qui laisse un catalogue de plus de 160 œuvres dont le présent enregistrement, réalisé en 1990, caractérise les aspects de musique instrumentale et de chambre. Il reste à redécouvrir une abondante œuvre chorale et orchestrale : The Song of Hiawatha (1899), le Concerto pour violon en Sol mineur (1912), etc. La Petite Suite de Concert (1910) adapte brillamment pour piano 4 pièces imaginatives pour orchestre. La très lyrique Ballade en Ré mineur (1895) est jouée ici dans une adaptation pour violon et piano de la partition originale pour violon et orchestre. Un choix de six des 24 Spirituals for piano (1905) témoigne de l’importance qu’eut dans sa vie la reconnaissance de la culture africaine, pour laquelle il voulut faire ce que Liszt, Brahms, Dvorák, ou Grieg, avant Bartók, avaient conçu pour les racines musicales populaires de leurs pays. Ce sont d’ailleurs des humeurs alla Dvorák, et non alla Brahms, conformément au défi que lui avait lancé Stanford, qui traversent son très puissant et très ample Quintette en Fa dièse mineur avec clarinette (1897), curieusement dénommé ici en La. Très vraisemblablement le dernier enregistrement du grand clarinettiste américain Harold Wright (? 1993). Cette reparution donne l’occasion de découvrir ou redécouvrir un compositeur original et de grand talent servi par des interprètes aussi engagés que convaincants dans leur défense de compositions méritant une plus large audience, bien au-delà de toutes les promotions défendues par la cancel culture woke, car Il s’agit bien ici de musique. De Musique remarquable, estimée à l’aune des seuls critères musicaux. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)