Gioacchino Rossini (1792-1868)
La Dame du lac (La donna del lago), opéra en 2 actes

Juan Diego Florez, ténor (Giacomo V-Uberto)
Marko Mimica, baryton-basse (Duglas)
Michael Spyres, ténor (Rodrigo)
Salome Jicia, soprano (Elena)
Varduhi Abrahamyan, mezzo-soprano (Malcolm)
Ruth Iniesta, soprano (Albina)
Francisco Brito, ténor (Serano/Bertram)
Orchestra e coro del Teatro Comunale di Bologna
Michele Mariotti, direction
Damiano Michieletto, mise en scène

Dans des décors d’une laideur à couper le souffle, mais mal éclairés, ce qui compense quelque peu, Elena et Malcom devenus vieux - rôles muets mais envahissants au point de devenir rapidement énervants - voient représentés les événements qui aboutirent à leur union. On ne comprend pas l’intérêt de cette vision rétrospective, une technique devenue poncif de la mise en scène contemporaine, d’autant que l’intrigue assez conventionnelle de Walter Scott n’était pour Rossini qu’un prétexte à un festival vocal qui fit de cette Donna son opéra le plus joué au XIXème siècle. Les solistes sont ici à la hauteur de l’enjeu. En 2016, Juan Diego Florez n’a pas encore fréquenté les Alfredo et les Werther qui à la longue pourraient indurer ce timbre cuivré et sensuel, et remettre en question cette aisance du registre aigu qui mit les foules aux pieds du tenor péruvien. Celui-ci affronte la rude concurrence d’un Michaël Spyres follement virtuose. Mettons-nous à la place du spectateur de l’époque, qui venait entendre des divi rivaliser en splendeur vocale : avantage au péruvien pour la pure beauté du timbre, à l’américain pour la perfection de l’aigu. Les deux hommes seront mis d’accord par Elena qui choisira Malcom (mezzo). Deux chanteuses excellentes mais en deçà de nos deux ténors super stars. Direction jubilatoire de Michele Mariotti. Une version audio aurait suffi. (Olivier Gutierrez)

Ces deux vieillards qui ne quittent pas la scène, sont-ce Elena et Malcolm visionnant tout l’opéra, et toute leur histoire, en un vaste flashback ? Après les relectures partiellement réussies proposées par Damiano Michieletto au Festival Rossini de Pesaro de "La Gazza ladra" et de "La Scala di seta", cette "Donna del Lago" ouvre des horizons bien plus complexes dans lesquels le metteur en scène s’engage avec plus de subtilité qu’à l’accoutumée, jusqu’à la fin qui s’écarte de la conclusion heureuse pour choisir une nuance plus sombre. A vrai dire vous ne décrocherez pas du spectacle, ce qui suffit pour faire de la production un tour de force qui met au premier plan, dans ces décors de ruine et de massacre, l’opulente beauté de l’écriture rossinienne. Quelle équipe de chant, qui provoque avec raison les bravi d’un public ultramontain se régalant de leurs feux d’artifices vocaux. Je l’avoue, Salome Jicia m’a époustouflé, Elena incandescente à la vocalise fulgurante, au niveau des deux ténors qui font la gloire de cette captation. L’Uberto de Juan Diego Florez est historique, simplement, et Michael Spyres idéalement apparié, de timbre, de vocalité au plus sombre ténor de Rodrigo. Magnifique Malcolm selon Varduhi Abrahamyan, direction fabuleuse de tension et de poésie de Michele Mariotti, cette "Donna del lago" est un bijoux d’abord à entendre. Et si demain les mêmes nous faisaient "Guglielmo Tell "? (Discophilia - Artalinna.com (Jean-Charles Hoffelé)

Rossini’s La donna del lago, premièred in 1819 at the Teatro San Carlo in Naples, is a masterpiece based on the poem The Lady of the Lake by Sir Walter Scott, which is full of passion and romantic frisson. “With characteristic boldness, Michieletto reformulates this glittering music into something otherworldly” (Financial Times) and the performance is “musically brilliant.” (Die Presse.com) “Marko Mimica and Varduhi Abrahamyan produce strong performances as Douglas and Malcom respectively. Flórez is laser like and fresh as ever and thrilling brutish …“ (Financial Times) while the Frankfurter Allgemeine Zeitung writes: “Michele Mariotti and his outstanding orchestra were the stars of the evening.“