Un célèbre inconnu ! Ottorino Respighi, le célèbre compositeur des archiconnues Pini di Roma et Fontane di Roma, reste pourtant un illustre inconnu quant à la majore partie de sa création. Sa musique de chambre, ses concertos, ses opéras ou bien ses mélodies, enregistrées ici dans un deuxième volume qui lui dédie le label Stradivarius, étonnent, étonnent et étonnent encore ! Laissez-vous porter pas la beauté pure de cette musique d’un lyrisme désarmants qui rappelle les plus grands moments pucciniens. Une belle découverte.  Le succès mondial de la trilogie romaine de Respighi et son art consommé de l’orchestre font trop oublier qu’il fut un maître de l’écriture vocale, bien entendu dans le domaine lyrique, mais aussi dans celui, plus secret, de la mélodie. Sara Mingardo, de son mezzo profond, donne ici un bouquet de « Liriche » assez rares, subtilement agencé. Dés la sourde angoisse distillée par Nebbie (brouillards), on est pris par le sens expressif d’un art suggestif dans lequel le piano tient part égal avec le chant. Neuf mélodies alternant embellies et introspections, une adaptation assez intrigante du Erbarme dich de la Passion selon Saint Matthieu (où Respighi ne renonce pas au violon), préparent en quelque sorte à la pièce maîtresse du disque : cette Sensitiva, vaste cantate d’une demie heure qui est le volet central d’un triptyque inspiré par les poèmes de Shelley et aussi le moins connu des trois (les deux autres étant Il Tramonto et Aretusa). On connaît mieux cette œuvre dans sa parure orchestrale, mais Respighi composa concomitamment à celle-ci une version pour piano et voix qui n’en est d’aucune façon la réduction. La partie de piano est, à l’égal du chant, aussi inventive que sensuelle, d’un lyrisme qui rappelle l’art nouveau (les deux versions de l’œuvre furent achevées en 1915). Sara Mingardo et Aldo Orvieto en offrent une lecture d’un bel élan (Discophilia, Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)

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