Max Reger (1873-1916)
Concerto pour piano en fa mineur, op. 114

Richard Strauss (1864-1949)
Burlesque pour piano et orchestre en ré mineur, op. 85 (TrV 145, AV 85)

Marc-André Hamelin, piano
Orchestre Symphonique de la Radio de Berlin
Ilan Volkov

Quels rapports entre le Concerto de Reger et la Burlesque de Strauss? Aucun. La seconde fut écrite pour les mains virtuoses d’Eugen d’Albert, pastiche empli de formules néo-baroques, de traits lisztiens, où l’humeur et l’humour règnent sur un fond de sensualité, alors que le Concerto-monde de Reger se coule dans les souvenirs des tempêtes du maestoso du Premier Concerto de Brahms. Si Marc-André Hamelin les réunit, c’est, pourrait-on croire, pour mieux rappeler l’admiration de Reger pour Strauss, pour son génie mélodique surtout qu’il jalousa avec admiration à son ainé. Mais le virtuose canadien voit, et illustre, une autre convergence : la fascination pour le monde baroque. Derrière les décors de tempêtes et de danses paysannes – dans cette version le final avoue toute sa rusticité – de l’opus de Reger, le pianiste démasque les écritures polyphoniques, les grandes formes de chaconne, expose la structure savante d’une œuvre dont le propos va bien au-delà d’un postromantisme ténébreux. Ce que Marc-André Hamelin éclaire par la rigueur formelle dans tout ce sombre, soutenu par la direction millimétrée d’Ilan Volkov, il y renonce dans Burleske dont il tire une lecture flamboyante, toute entière comme improvisée, allant même jusqu’à une certaine violence que peu y auront osée. Le climax aura rarement été aussi rageur et l’on croirait entendre le jeu, réputé exalté, de D’Albert lui-même. Fabuleuse version qui dit tout d’une partition bien plus ambigüe qu’il n’y parait à première lecture. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)