 Le Maître et l’élève, qui devint d’ailleurs rapidement son émule, sont rassemblés dans ce CD qui met en parallèle deux quintettes avec clarinette composés à trente-cinq années de distance, et l’on sait quels bouleversements musicaux connut le XXe siècle entre 1915 et 1950. Le Quintette en La majeur op. 146 de Reger, son ultime œuvre achevée, se situe dans la lignée des œuvres éponymes de Mozart et Brahms. Dans sa retraite de Iéna, et combinant habilement les nuances espressivo et dolcissimo, Reger parvient dans les derniers mois de sa vie à charmer ses auditeurs et à les convaincre des subtilités de sa musique expressionniste, réputée difficile par ce qu’elle se situe aux frontières de la musique tonale et atonale. Le Quintette en en Si bémol majeur op. 119 de Senfter adopte quant à lui une structure tripartite. On retrouve dans cette œuvre l’influence de Reger, d’une part en ce qu’elle ne renferme dans sa concision aucune note de trop, d’autre part en ce qu’elle emprunte ouvertement les voies de la Nouvelle musique, représentée alors par Richard Strauss, tout en maintenant un lien fort avec le Romantisme de Schumann et Brahms. Le Quatuor Armida et la clarinette de Kilian Herold (1981), dans deux œuvres exigeantes, rendent là un magnifique hommage au compositeur et à la compositrice. Gageons que ces enregistrements recueillent les faveurs d’un auditoire connaisseur et non moins exigeant. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) In March of 1908, 27-year-old Johanna Senfter went “on a pilgrimage” to visit Max Reger in Leipzig. Having studied piano and violin at the Hoch Conservatory in Frankfurt am Main, she now wanted to learn composition. Reger, only six years her elder, had been in charge of a masterclass for musical composition at Leipzig Royal Conservatory for only a year. Johanna Senfter started by taking private lessons from him. Ten years later, she recalled their first meeting. “The private lessons I had with him are the most stimulating experience I have had until now. Reger was very demanding.” Max Reger was indeed a strict teacher who expected his students to apply the same uncompromising work ethic as he did himself. Moreover, for clarinetist Kilian Herold, this recording fulfills a long-cherished dream. “Clarinetists love Reger’s Quintet. It’s a particularly beautiful piece”, he adds. “Reger places himself in direct succession to Mozart and Brahms: the Quintet is densely woven, but also utterly transparent – a work bathed in light, full of color, relaxed and released from all anxiety.” As far as Kilian Herold is concerned, Johanna Senfter’s quintet serves as a thoroughly fitting counterpart to Reger. It is “likewise gorgeous music, and the listener can tell that it comes in a line of descent from Reger.” Johanna Senfter felt that way herself after Reger’s death: “With all my heartfelt gratitude and admiration, he will remain in my memory. In any case, all the beauty and goodness I received from him will continue to work in me.”
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