Rachmaninov Symphonies N 3 - Les Cloches Bailie Jones Henderson Beecham Wood - Bid85027 -

Si Harold Vincent Marrot n’avait pas fait tourner son magnétophone ce soir d’octobre 1936, ces fabuleuses Cloches se seraient perdues dans le silence. Rachmaninoff lui-même devait les diriger, ce qu’il déclina, jouant déjà son Second Concerto lors du même programme. Peu importe, Henry Wood n’en fit qu’une bouchée, geste large, espressivo entêtant, tempi rapides se moquant des dangers, chœur fulgurant, et solistes itou. Un ténor percutant, une merveilleuse Isobel Baillie pâmant son soprano pour les Cloches d’argent, surtout un fantasque Roy Henderson (le Conte des Nozze de Busch, le professeur de Kathleen Ferrier) pour les Cloches d’acier (et qui remplaçait au pied levé Harold Williams) achèvent de rendre la captation historique. En anglais bien sûr, peu importe, c’est partiellement retrouver l’esprit sinon la lettre des poèmes originaux d’Edgar Allan Poe. Ces Cloches somptueuses ne doivent pas détourner de la Troisième Symphonie quasi hystérique enflammée par Beecham lors de sa création anglaise le 18 novembre 1937. Le tempérament volcanique de Sir Thomas épouse chaque mesure de l’œuvre, lecture fascinante malgré les limitations de la captation, et qui est comme la négation du geste quasi classique du compositeur dans son légendaire enregistrement pour RCA Victor. Incroyable, le chef britannique ne la dirigera plus, ce qui achève d’assoir le statut historique de ce concert. Si Biddulph veut poursuivre l’exhumation des concerts Rachmaninov londoniens des années trente, il le peut avec un disque tout Henry Wood : le Deuxième Concerto avec le compositeur issu du concert des Cloches, mais aussi une Troisième Symphonie donnée par Wood et la BBC en mars 1938 attendent d’être révélés. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)