Giacomo Puccini (1858-1924)
Tosca, opéra en 3 actes

Anna Netrebko, soprano (Floria Tosca)
Francesco Meli, ténor (Mario Cavaradossi)
Luca Salsi, basse (Baron Scarpia)
Carlo Cigni, basse (Cesare Angelotti)
Alfonso Antoniozzi, baryton (Le sacristain)
Carlo Bosi, ténor (Spoletta)
Giuliano Mastrototaro, baryton (Sciarrone)
Ernesto Panariello, basse (Un geôlier)
Gianluigi Sartori, sopraniste (Un berger)
Orchestra and Chorus of Teatro alla Scala
Riccardo Chailly, direction
Davide Livermore, mise en scène

A la Scala on ne plaisante pas avec la tradition : cette Tosca de pure convention, en décors somptueux, enragera qui aurait espéré du moins une relecture. Davide Livemore glisse tout de même dans la Rome bonapartiste comme dans celle des conjurés une direction d’acteur qui rend la soirée assez palpitante. On regarde de bout en bout, on écoute un peu moins Cavaradossi plus poète qu’héros, et au ténor un peu trainant dès son premier « Che fai », on est loin de Giuseppe Di Stefano et plus encore de Luciano Pavarotti. Qu’est-il arrivé à Francisco Meli ? Je l’ai connu autrement flamboyant. Au même degré de chant modeste, le Scarpia plus monstre que Barone de Luca Salsi, voix sans vraie noirceur pour un caractère et une interprétation qui en demandent. Et Tosca ? Anna Netrebko la fait avant tout élégiaque et guère tigresse en amour, la meurtrière semble étonnée d’avoir poignardé Scarpia, le grand duo du I, que Riccardo Chailly lui détaille avec trop de complaisance, expose un rien un vibrato qui l’empêche de faire claquer la colère devant la Madone où elle reconnait l’Attavanti, les mots ne s’élancent jamais de ce timbre , toujours somptueux dans le grave mais à l’aigu vite désuni, il ne faut pas avoir dans l’oreille Ljuba Welitsch ou Sena Jurinac, pour en rester à des Floria non italiennes. Un beau Pastore (Gianliugi Sartori), un Angelotti émouvant ( Carlo Cigni), relèvent le cast. Je l’ai déjà noté, Riccardo Chailly, plus encore que dans sa captation amstellodamoise (avec une Malfitano saisissante) raffine, détaille, perd la ligne vive du vrai polar que dirigeait Victor de Sabata pour Callas, mais il revisite le texte, le fait entendre différent, outre qu’il restitue au long de la partition ce que les coupures d’usage laissaient de côté. Une Tosca philologique coté orchestre, on ne la boudera sans être certain d’y revenir souvent. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)