Prokofiev Chostakovitch Khachaturian Sonates Pour Violoncelle Tarasova Sokolov - Nfpma99141

Créée le 1er mars 1950 au Conservatoire de Moscou par Mstislav Rostropovitch et Sviatoslav Richter, la Sonate en ut majeur de Prokofiev est un hommage conscient du compositeur à l’écriture romantique, mais aussi à une certaine modernité du 20e siècle. L’œuvre s’ouvre par un Andante grave et malgré les changements quasi incessants de tempos, on est frappé par le climat intimiste qu’elle recèle et que traduisent les deux interprètes. Ce n’est plus le Prokofiev sarcastique et belliqueux que l’on connaît. Il se réfugie dans la clarté de lignes mélodiques d’une grande nostalgie. Joué un peu en retrait, le Moderato fait office de scherzo. On reconnaît le dynamisme de la danse. Le finale se colore d’une succession de variations à la fois humoristiques et spontanées. L’Allegro non troppo de la Sonate pour violoncelle et piano (1934) de Chostakovitch aurait été composé au cours de deux nuits d’insomnie, après une brouille au sein du couple du compositeur ! Ces regrets – qui sait – s’expriment au début de cette page dont on reconnaît des réminiscences d’œuvres de Tchaïkovski, voire de Fauré ! Les deux interprètes passent successivement de l’univers encore romantique à la danse populaire effrénée de l’Allegro. Dans cette partition d’une grande amertume, Chostakovitch ne se prive pas de railler l’écriture de ses confrères dont ceux en couverture du disque. Les sarcasmes, la volubilité de l’écriture sont restitués avec brio par le présent duo. Composée en 1974, la Sonate-Fantaisie de Khatchaturian fut dédiée à Rostropovitch qui ne put en assurer la création, ayant quitté l’URSS. Portée par des idées musicales et rythmes arméniens, la pièce est jouée avec beaucoup d’élégance et de souplesse par Marina Tarasova. (Jean Dandrésy)