 Avant-dernier des 7 compositeurs de ce qui fut une dynastie (comptant aussi 7 musiciens), Pierre Danican Philidor se consacra, comme la majorité du « clan », aux instruments à vent, notamment au traverso, en vogue durant sa carrière. Les 12 suites pour cet instrument constituent la partie la plus marquante de son œuvre. Se répartissant en deux types également représentés (une flûte avec basse continue ou deux sans b.c.), leur structure est variée quant au nombre, à la nature, à la durée des mouvements : ceux qui renvoient, comme de rigueur, à des danses, n'obéissent jamais à un ordonnancement rigide, d'autres renvoient à des affects, librement combinés, à des formes musicales (surtout la fugue) ou encore à des indications de tempo. Enfin la dénomination de certains combine deux ou trois de ces catégories. C'est dire combien un des genres musicaux les plus codés devient ici délié, libre, franc et inventif. À côté de suites de type agreste, pastoral, où la référence à la musique dite « populaire » est très sensible (4e suite) , d'autres sont plus « abstraites », techniques, virtuoses (surtout les duos, qui ne se réduisent nullement à la fonction didactique qu'ils durent avoir). Cette musique sait être audacieuse (chromatismes, ornementation souvent surprenante et malicieuse) tout en restant élégante — non sans une certaine majesté. Écriture des duos parfaitement équilibrée. Émulation et mimétisme trouvent ici un aliment riche et varié. Bref, la suite est là dans ce qu'elle a de meilleur. L'ensemble néerlandais en propose une lecture fraîche, claire, animée, aussi enjouée que réjouissante. (Bertrand Abraham)  The Philidor musical dynasty begins with André Danican Philidor (1652-1730), a musician and composer who played in many of Lully’s productions. Among several musical younger relations, Pierre Danican Philidor (1681-1731) was one of the most talented: a wind player like his uncle André but also a violist. In this capacity he joined the chamber du roi of the infant King Louis XV in 1715, where his colleagues included François Couperin and Marin Marais. Little of Pierre’s music survives beyond these 12 suites, which were published in Paris in 1717 and 1718. Yet as he explains in his booklet introduction, Jed Wentz esteems them alongside the chamber music of Couperin and Marais, among the most significant precursors to the more florid output of the following generation exemplified by Michel Blavet and Jean Daniel Braun (who have also been the subject of critically acclaimed albums by Musica ad Rhenum). Philidor’s sophisticated harmonies compare favourably with the plainer, less adventurous rhetoric of the better-known Hotteterre and de la Barre. If the artistic quarrels which took place at Louis’ court fiercely debated the value of Italian style as a cultural import, Philidor’s suites seem calculated to argue the case for the defence of native taste and values. The gentle spirit, highly wrought textures and manneristic elegance embody received ideas of French music, then and now. These ideas are understood and communicated with native fluency by the Dutch-based early music ensemble Musica ad Rhenum, who have made a specialty of lesser known music from the 18th-century French courts.

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