Le ton persiffleur du Divertimento donne la couleur, campé avec brio et ironie par l’Orchestre de Douai et Jean-Jacques Kantorow. Pierre Wissmer est l’un de ses musiciens heureux qui auront pris Poulenc au sérieux, charme et profondeur, sensualité et virtuosité, refus du pathos, mais pas de la profondeur qui apparait au détour d’une phrase. La beauté troublante du second mouvement du Divertimento vous a un petit coté pastorale d’Honegger, et la lumière qui baigne toute les œuvres rassemblées ici, outre qu’elle désigne un maitre absolu de l’orchestre, l’oppose en tout aux teintes plus sombres, à l’univers plus strict de Frank Martin, son aimé de 25 ans. L’un regardait plus que l’autre vers Paris, et jusqu’à oser un ton canaille. L’humour néo baroque du Concerto pour clarinette est un régal et comme Paul Meyer s’y amuse, l’orchestre pimenté qui emporte la guitare de Thibault Cauvin – magnifique dans la grande célébration de l’Andante pleine de mystère – du Concerto pour guitare simplement irrésistible. Le second disque reproduit deux archives tirées de Radio Luxembourg. Le Troisième Concerto pour piano est d’une veine plus roide, Youri Boukoff ne fait qu’une bouchée de sa virtuosité piégeuse, assume son coté percussif et me rend bien curieux des deux autres concertos antérieurs….finalement c’est Pierre Wissmer lui-même qui dirige la Suite qu’il aura tiré de son ballet orphique dont Janine Charrat écrivit l’argument, transposant les Enfers à la mine. La beauté de l’orchestre, l’espressivo du tout achève de dresser le portrait éloquent d’un compositeur qu’il est temps de réévaluer. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Cette parution est un événement à marquer d'une pierre blanche. Dans cet arc tendu entre les années 1965-1976 (CD d'archives) et aujourd'hui (premier enregistrement mondial de 2 concertos et du Divertimento), voici re-révélés un grand compositeur et chef d'orchestre. Dont l'œuvre abondante, extraordinairement diversifiée, apparaîtra, même à qui la découvre pour la première fois, comme un bloc transcendant d'universalité. Une mémoire vivante et revivifiée par un langage personnel, de presque tout ce qui s'est écrit au XXe depuis Debussy, convoquant et condensant Bartok, Stravinski, Poulenc, Frank Martin et bien d'autres... Le moule originel du néoclassicisme, fut vite éclaté à travers l’expérience concrète de l'orchestre accumulée par Wissmer qui se mua au-delà des étiquettes, en « science expérimentale » : quelle virtuosité orchestrale, quel sens des combinaisons, des couleurs, quel laboratoire de la pâte sonore que cette production ! La verve du divertimento, est portée par une pulsation irrésistible. Ça fleure le Poulenc canaille, le music-hall, la fête foraine, avec en sous-main, des effets de percussions rappelant Bartok. Le concerto pour clarinette où se combinent volubilité, vivacité et facétie est virevoltant d'intelligence, et de liberté par rapport aux codes. Le concerto pour guitare semble se donner pour défi d'inventer de façon variée un équilibre entre orchestre assez fourni et instrument au volume sonore limité. L'œuvre, distinguée, fait penser à Frank Martin, tandis que le concerto pour piano, stupéfiant de motorique, évoque un Bartok revisité prenant des allures de work in progress constamment transformé, qui donne fantastiquement l'impression d'une improvisation libre et ébouriffante, mais parfois martiale et dramatique. La suite issue de la musique de ballet sur le mythe antique d'Eurydice, transposé dans l'enfer industriel de la mine, mêle dramatisme et lyrisme inquiet. Elle offre une sorte de panorama de l'inventivité et de l'audace du compositeur en matière de combinaisons sonores. L'interprétation, superlative, qui mobilise d'ailleurs le compositeur, se passe de commentaire. C'est prodigieux! (Bertrand Abraham) Born in Geneva, Pierre Wissmer (1915-1992) studied music at the Conservatory of his native city, before leaving for Paris in 1935 where he first worked with Roger-Ducasse, then Daniel-Lesur with whom he perfected his skills. Parallel to his creative career, the musician carried out substantial pedagogical activity which led him to teach musical writing, orchestration and composition at the Schola Cantorum (Paris), the Le Mans Conservatory where he became the director, and the Geneva Conservatory of Music. Similar to Aloÿs Fornerod or Jean Dupérier, he is one of the French-speaking Swiss musicians resolutely committed to France, and in his own way, profoundly influenced by Fauré, Debussy, Ravel or Roussel. Pierre Wissmer’s style–imbued with a neo-classicism that also manifests the influence of Stravinsky–moved over the years towards both a more distanced relationship with tonality and a more introspective language, notably in his last symphonies. A master of instrumentation, Wissmer excelled in the interaction between soloist and orchestra all the while cultivating with delight the genre of the concerto, in the manner of André Jolivet or Henri Tomasi. If he devoted three concertos to the piano, three to the violin, and four to wind instruments (clarinet, flute, oboe, and trumpet), he also turned to rarer combinations: Concerto for guitar, Symphony Concertante for flute, harp and orchestra, or concerto for orchestra (Concerto valcrosiano).The guitar holds a significant place in Pierre Wissmer’s catalog; after his Concerto for guitar and orchestra composed in 1954, he wrote several pieces for two guitars, a Partita for this instrument, and he used it in various vocal and instrumental scores. The Concerto calls for a chamber orchestra that includes wind instruments in pairs. In order to ensure a balance between a solo instrument with limited sound amplitude and a relatively expanded orchestral formation, the composer frequently treats the guitar as a solo instrument alternating with purely orchestral sequences. In passages that bring soloist and orchestra together, the latter is reduced to a very small number of instruments.
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