En 17 sonates (et non 18, « La Justiniana » étant due au papa), Giovanni Legrenzi dresse une sorte de Bottin Mondain de l’Italie de son temps. Chacune d’elle est en effet dédiée à une grande famille d’amis des arts, sans doute susceptible de lui commander des œuvres ou de lui offrir un emploi stable. Legrenzi, qu’on connaît plus aujourd’hui pour ses opéras et ses motets, s’y montre bien l’annonciateur des Corelli, Caldara et Vivaldi par la forme des mouvements, les tournures de violon avec leurs dialogues et imitations, voire la proximité de certains thèmes. La discographie de l’œuvre ne croule pourtant pas sous les références… seul Parnassi Musici (CPO) donne les 17 mêmes sonates, dans une vision très recueillie, avec une basse continue confiée au théorbe et à l’orgue. Ailleurs, quelques rares extraits : vision très festive, un peu tonitruante et très dansante (le tout supposé typiquement vénitien) de l’ensemble Clematis ; « Spilimberga » et « Querini » aux allures « da chiesa » pour être associées à une messe par Oficina Musicum... L’Insieme Strumentale di Roma chamboule tout cela : instruments du 18ème magnifiquement corsés, clavecin ou orgue à la basse, mouvements lents ni compassés ni traînants mais nobles (ce qui sied à la destination probable du volume), mouvements vifs sans précipitation ni sécheresse qui donnent à entendre la richesse des petits détails : justice est rendue à une musique injustement délaissée, pourtant maillon important du développement de la sonate italienne. (Olivier Eterradossi) The first instrumental collection by Giovanni Legrenzi (Clusone, 1626 – Venice, 1690), Sonate a due e tre Op. 2, was published during the composer’s last years as organist at the Santa Maria Maggiore Church in Bergamo, along with three other collections, including Sonate da chiesa, da camera, correnti, balletti, alemane e sarabande a tre, due violini e violone Op. 4 (1656), perhaps in an attempt to secure a better position by dedicating his works to highranking personalities. After all, other important composers with an interest in instrumental music, such as Tarquinio Merula (Busseto, 1595 – Cremona, 1665) and Maurizio Cazzati (Luzzara, 1616 – Mantua, 1678) also held positions in Bergamo. The collection includes nine sonatas a due, of which six for two violins and continuo and three for violin, violone or bassoon and continuo, and eight sonatas a tre for two violins, violone and continuo.
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