Une excellente introduction à la musique mexicaine du XXe siècle à travers des œuvres pour piano des plus représentatifs compositeurs de ce pays, de Revueltas, Ponce, Chávez à Contreras, Velázquez, Santos… Lorsqu’on évoque la musique hispano-américaine, Cuba, l’Argentine, le Brésil (bien que de langue portugaise) viennent à l’esprit, mais rarement le Mexique. La pianiste Maria-Teresa Frenk nous prouve brillamment que cet oubli doit être réparé d’urgence. Le premier volume de son anthologie du piano mexicain couvrant la période 1900/1950 propose trente-trois courtes pièces de dix compositeurs mexicains. Ce vaste catalogue prouve la diversité et la richesse de ces musiques composées sur seulement cinquante ans. Souvent destinées au salon ces œuvres d’essence populaire sont très descriptives. Elles utilisent des rythmes et harmonies typiques, comme les ‘trois Bosquejos’ de José Rolón ou les ‘Scènes marines’ de Moncada. Les inspirations sont diverses : Beaucoup puisent dans les chants et danses populaires aux accents nationalistes (Chávez, Revueltas, Olvera…) alors que d’autres explorent des harmonies plus modernistes en utilisant des polyrythmies et polytonalités (Moncayo ou Moncada) alors que Galindo utilise une écriture quasi-modale. Alberto Ponce joue sur l’expressivité, avec ‘Romance d’Amour’ et ‘Duerme’. Enfin, certains s’inspirent des modèles espagnols ou français (Halffter, Elias). Cette musique mexicaine aussi multiple qu’imaginative mérite véritablement d’être découverte surtout quelle est défendue et interprétée ici avec talent. (Jean-Noël Regnier) Au Mexique, et plus particulièrement en ce qui concerne la composition musicale, le XXe siècle a commencé sans l’héritage et les traditions qui ont toujours existés dans l’Europe occidentale. Une voix qui a permis aux compositeurs mexicains de s’évader des possibilités limités de la musique de « salon » (si caractéristique de la musique européenne du siècle précédent), a été la création d’un style nationaliste distinct, basé sur la musique traditionnelle mexicaine. / Ce mouvement a commencé avec des mélodies d’une origine ethnique mélangée, puis avec des mélodies caractérisées par une marque indigène et/ou folklorique évidente. Après 1950, dans l’effort de se détacher du nationalisme, les compositeurs mexicains ont adopté un style plus international, en suivant les tendances courantes des Etats-Unis et d’Europe. La musique sérielle, minimaliste et électronique en a été le résultat, écrite souvent en employant des méthodes de notation non conventionnelles. Des expérimentations avec des sonorités instrumentales alternatives ont été réalisées, et finalement le terrain a été ouvert vers une liberté absolue du développement de l’expression personnelle, en s’appuyant ou non sur des éléments traditionnels.
|