 En 1656 Rome fut frappée par une épidémie de peste. Le Pape Alexandre VII publia des interdictions visant à réduire au strict minimum tous les rassemblements de foule pouvant favoriser la contagion. Il interdit en Mai l’utilisation des orgues lors des offices (ceux-ci attirant toujours beaucoup de fidèles surtout friands de musique), et en Juin toutes les manifestations musicales et les processions pendant les Vêpres. Même les célébrations publiques des 28 et 29 Juin (fêtes des Saints Pierre et Paul, patrons de Rome) furent annulées. On présume que c’est soit à cette occasion, soit lors de l’inauguration de la Basilique Vaticane le 18 Novembre, que fut chantée cette Messe de Benevoli, à huis clos, par les membres de la Capella Giulia, sous la direction du compositeur. Quoi qu’il en soit, on pense que cette messe avait été commandée par le chapitre du Vatican pour être interprétée lors d’une occasion particulièrement solennelle, où la miséricorde divine était implorée pour que la peste prenne fin. Benevoli était alors un des compositeurs romains les plus importants. Né à Rome en 1605, il avait intégré dès l’âge de douze ans les Pueri Cantores (Petits Chanteurs) de l’église Saint Louis des Français, où il resta jusqu'en 1623, probablement à l’époque de la mue. On le retrouve l’année suivante comme Maître de Chœur successivement dans plusieurs églises romaines, avant son départ en 1644 à Vienne pour le service de l’archiduc Léopold Wilhelm de Habsbourg. À son retour à Rome, après un bref passage à Sainte Marie Majeure, il devient chef de chœur de la Chapelle Julienne au Vatican, poste qu’il va occuper jusqu’à son décès en 1672. Compositeur très estimé de ses pairs, il fait l’objet de commentaires dithyrambiques dans plusieurs écrits contemporains. Un des rôles du Maître de Chœur étant de créer des œuvres nouvelles, Benevoli écrivit entre autres un nombre important de messes de 6 à 16 voix réparties en plusieurs chœurs, disposition directement liée à l’architecture du lieu, comme à Saint Marc de Venise, ou à Saint Pétrone de Bologne. C’est la disposition en quatre chœurs à quatre voix soprano alto ténor et basse que met en œuvre cette messe solennelle et spectaculaire, avec l’accompagnement de deux trombones et de l’orgue. Selon une mode qui s’est instituée depuis quelques années, cet enregistrement fait alterner le propre de la messe en plain-chant avec les éléments successifs de la doxologie. Trois pièces d’orgue de Frescobaldi, Merula, et Froberger (élève de Frescobaldi) ponctuent la célébration. Les membres de la Chapelle Musicale Santa Maria in Campitelli signent ici une interprétation somptueuse de cette œuvre majeure du XVIIème siècle romain. (Jean-Michel Babin-Goasdoué)  Orazio Benevoli was one of the most important Roman Baroque composers. Born in Rome in 1605, as a twelve-year-old he joined the pueri cantores (choirboys) of the Church of San Luigi dei Francesi, where he remained until 1623. The following year, he assumed the post of maestro di cappella at Santa Maria in Trastevere; then at Santo Spirito in Saxia and later on at San Luigi dei Francesi. In 1644 he moved to Vienna to serve at the court of Archduke Leopold Wilhelm of Hapsburg. Upon his return to Rome, he briefly served as maestro di cappella at Santa Maria Maggiore before becoming the choirmaster of the Cappella Giulia at the Vatican on November 7, 1646, where he remained for over 25 years until his death on June 17, 1672. Vincenzo di Betta leads the Cappella Musicale di Santa Maria in Campitelli to the rediscovery of his “Missa In angustia Pestilentiæ” (in the distress of the plague), composed and performed in 1656 in the Basilica of San Pietro behind closed doors, given the severity of the contagion of the plague spread in Rome in the same year, which induced Pope Alessandro VII to issue provisions that would minimize the moments of aggregation in the city, such as solemn celebrations. The work was probably commissioned by the Capitolo of the Basilica for an important occasion, which invoked the divine mercy so that the contagion would cease.

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