 Le Concerto de Nielsen aurait-il enfin la faveur des jeunes violonistes ? Jiyoon Lee l’aura choisi pour son premier album, Vilde Frang comme Johan Dalene l’ont enregistré avec autant de bonheur, Anna Agafia elle aussi l’aura choisi pour ses débuts discographiques, et quels ! Elle prend le contrepied de la furia inextinguible dont l’incendiait Yehudi Menuhin dans l’un de ses plus grand - et plus méconnu - disque. Après l’orage de l’intrada, elle suspend le temps, creusant l’espace de cette romance pastorale qui est le fil rouge du premier mouvement, porté par l’orchestre atmosphérique que distille Aleksandar Markovic. Merveille, qui change le visage de l’œuvre et fait entendre une poétique dont la violoniste se saisit avec une pointe de génie ; écoutez la fluidité de sa gamme descendante avant le petit concertato avec les bois. Merveille, comme le sombre Adagio, avant qu’elle n’enflamme les musiques populaires du final. Pour aussi réussi que soit son Nielsen, joué avec tante de maturité et d’art par la jeune violoniste danoise, son Deuxième Concerto de Szymanowski, dans les paysages mystérieux d’un orchestre fascinant, me semble plus extraordinaire encore. L’œuvre suffirait à expliquer cela, son panthéisme irréel des premières pages où passent encore des souvenirs du Premier Concerto inspire à la soliste cette suspension de l’archet, ce timbre irréel qu’avait su trouver Wanda Wilkomirska. Mais elle aura aussi les attaques, le drive, la furia exigés par les musiques populaires des Tatras dont Szymanowski a tissé toute cette œuvre. Son modernisme ne demande qu’à être exalté, il l’est, aussi par la battue si précise, si implacable d’Aleksandar Markovic. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Il est toujours émouvant d’écouter le premier disque d’une jeune artiste — et lorsqu’elle a la carrure de l’héroïne du jour, c’est un plaisir immense. Anna Agafia, jeune violoniste multi-récompensée, dont la carrière musicale a démarré il y a quelques années à peine (elle a aussi été actrice... et férocement passionnée de patinage artistique !), enregistre ici, à l’occasion de son prix aux Sommets Musicaux de Gstaad et munie d’un Guarnerius, deux concertos relativement rares au disque. Double aubaine ! La maîtrise qu’elle a de son archet impressionne dans le monumental concerto de son compatriote Carl Nielsen ; un concerto magnifique, offrant au violon tour à tour un chant d’un lyrisme incroyable et des moments d’espièglerie sarcastique (les amateurs des symphonies de Nielsen y retrouveront également la richesse de l’orchestration). Le deuxième concerto de Szymanowksi, moins souvent joué que le premier (mais que le label Rhine classics a eu la bonne idée de rééditer dans une version restaurée, par le grand Henryk Szeryng), d’une redoutable difficulté, a des accents de danse sauvage, des moments de grand lyrisme, que l’indéniable maturité d’Anna Agafia lui permet de s’approprier pour les restituer selon sa propre personnalité. Seul petit regret technique côté disque, le concerto de Szymanowksi aurait pu être découpé en plages. Pour le reste, précipitez-vous ! (Walter Appel)

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