Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Don Giovanni K. 527, opéra en 2 actes

Cesare Siepi, basse (Don Giovanni)
Fernando Corena, basse (Leporello)
Leontyne Price, soprano (Donna Elvira)
Birgit Nilsson, soprano (Donna Anna)
Cesare Valletti, ténor (Don Ottavio)
Eugenia Ratti, soprano (Zerlina)
Heinz Blankenburg, baryton (Masetto)
Arnold van Mill, basse (Le commandeur)
Wiener Staatsoperchor
Wiener Philharmoniker
Erich Leinsdorf, direction

Retour sous label Urania d’une célèbre intégrale Decca tombée dans le domaine public. La virilité, le sex appeal la pure splendeur vocale suffiraient à faire de Siepi le Don Juan du siècle. Mais il y a plus que cela : la rare et parfaite adéquation, physique et spirituelle d’un chanteur avec un rôle, comme Callas avec Violetta. Le contraste avec Leporello, ressort important de cet opéra, est ici très réussi. On aimerait croiser plus souvent des Corena aujourd’hui, lui qui ne fut pas une star, à une époque où la concurrence était implacable. Cesare Valetti phrase ses deux arias avec élégance en parfait tenor di grazia. Le commandeur d’Arnold van Mill est implacable comme on pouvait s’y attendre. Du côté des dames, la Nilsson en Donna Anna c’est presque trop, même si le timbre d’airain de la soprano suédoise sied à cette incarnation de l’ordre social qui poursuit le rebelle de sa vindicte. A l’époque, Price est une Aïda, une Léonore du Trouvère, mais comment résister à l’intercession d’une telle Elvira. Leinsdorf en bon professionnel fait le job, sans incendier le plateau comme un Mitropoulos, sans donner au final une dimension cosmique comme un Furtwängler, sans incarner au même titre que Krips le classicisme et le vrai chic viennois. Les mélomanes le savent : c’est chez ces trois-là, impossibles à départager, qu’il faut entendre le Don Juan de Siepi. (Olivier Gutierrez)