Avec ce quatrième album, le périple baltique et médiéval de l'Ensemble Peregrina s'achève en Poméranie, où se situe Szczecin, la ville natale de sa fondatrice et directrice, Agnieszka Budzinska-Bennett. L'homogénéité de cet album, où se conjuguent hymnes du cycle marial et hommages à des évêques évangélisateurs et à des princes conquérants, alliage de chants monodiques avec des répons, des antiphonaires et des motets polyphoniques, et dont la création s'échelonne sur quatre ou cinq siècles, est assurée par le choix de voix féminines de registres proches, se succédant ou se répondant à la perfection, a cappella ou avec un accompagnement instrumental minimaliste. Il nous fait ressentir, par son dépouillement, sa sobriété, sa ferveur, la présence du sublime. Entre autres perles, le solo de flûte traversière de Mara Winter, dans une pièce d'un prince du XIVème siècle, ou encore le poignant « Stabat Mater » en vieil haut-allemand chanté par la soprano Lorenza Donadini. Ce choix esthétique assumé, qui fait la beauté de cet album, en marque aussi peut-être les limites : Difficile en effet d'adhérer à la vision d'une telle homogénéité stylistique entre la Poméranie du XIème siècle, aux marches orientales de l'Europe christianisée, terre de conquêtes, de colonisation, d'évangélisation, mais aussi de réduction en esclavage des populations non encore christianisées, et les cités de la Ligue Hanséatique qui s'enrichiront bientôt du commerce entre Orient et Occident. Au demeurant, un disque d'écoute fort agréable, au service d'un riche patrimoine encore injustement méconnu. (Marc Galand) La musique médiévale le plus souvent enregistrée concerne la France et ses voisines proches. Heureusement, le répertoire s’élargit ces derniers temps à la faveur des découvertes que partagent des chercheurs. Agnieszka Budzinska-Bennett est l’une d’elles. Avec son ensemble Peregrina, de Bâle, elle a déjà gravé nombre de CD, particulièrement une série « Mare Balticum » dont nous saluons la quatrième publication, intitulée « Pomerania ». Les archives de Lünebourg, de Gdansk, Iena, Kiel, Lübeck, et de nombreux centres ont été mises à profit. Toutes les facettes des productions, liturgiques, para-liturgiques et profanes sont explorées, couvrant essentiellement les XVe et XVIe S. Cinq interprètes, dont quatre chanteuses, poly-instrumentistes, vont enchaîner séquences, antiennes, tropes, versets alleluiatiques, motets, mélodies de minnesänger slaves ou germaniques. A noter, le soin rare apporté à la conception (les sources sont documentées), et à la réalisation, scrupuleuse, de l’instrumentation. La souplesse du chant, sa pureté, le jeu instrumental, la parfaite entente entre musiciens n’appellent que des éloges. La séduction est au rendez-vous, servie par une prise de son exemplaire. Les textes sont reproduits et traduits en anglais et en allemand. (Yvan Beuvard) The fourth and final recording of Agnieszka Budzinska-Bennett's "Mare Balticum" project with and about music from the Baltic region, the first of which has already received the coveted ICMA, is perhaps the most beautiful. One-part melodies sung by four women in their own rhythm and yet in complete unison transport us to the bygone world of the Middle Ages. Solo songs bring us even closer to that time. For instance, when - this is just one example - Lorenza Donadini as Mary laments the death of Jesus, we hear the grief of a living mother over the death of her own child. What a pity that this excursion into the past lasts only 79 minutes!
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