 Ce disque présente quelques extraits de deux recueils de lieder de Gustav Mahler, accompagnés par l'orchestre, ainsi que 4 chants (d'après des poèmes de Rilke) de Wolfgang Rihm. Les Lieder eines fahrenden gesellen sont composés sous influence schubertienne par Mahler, alors fougueusement amoureux d'une chanteuse : Johanna Richter. On y respire une ardeur romantique, une fraicheur et une spontanéité mélodique fidèles à la simplicité des poèmes. Le recueil Das Knaben Wunderhorn est beaucoup plus tardif et se nourrit de : « … ce qu'il (Mahler) pouvait éprouver : la nature, la paix, l'attente, l'amour, les adieux, la nuit, la mort, la vie du soldat, les mondes spirituels, les chagrins d'enfants, la gaieté de la jeunesse, l'humour sarcastique... tout ce qui entrait en résonance entre la poésie et son ressenti d'homme et de musicien » (Bruno Walter). L'interprétation de ce choix de lieder est celle d'un funambule professionnel en équilibre précaire. L'expression prime toujours sur l'amplitude du chant. Christoph Prégardien a un réel talent de conteur et une diction impeccable. Cela compense une justesse approximative et un défaut de puissance d'émission dans certains lied (Wo die schönen trompeten blasen). Le chef révèle d'un geste d'une sureté magnétique, la subtilité de l'orchestration de Mahler et les plus infimes nuances dynamiques. Même tambours et timbales sont dépourvus d'échos et s'inscrivent au même titre que les bois et les cuivres dans une dentelle orchestrale d'une texture parfaite. Entracte : l'air se raréfie. On pénètre dans l'univers crépusculaire de Wolfgang Rihm où la beauté entre en harmonie avec la déréliction la plus profonde : Dies uberstanden haben. L'auditeur navigue dans un espace incertain que la musique rend bigrement confortable. On sait, depuis quelques enregistrements exceptionnels, l'attraction quasi télépathique qui existe entre le créateur et son interprète. La ligne sinueuse de la voix de Prégardien gravite comme un satellite autour de blocs et de fragments instrumentaux. Elle se superpose à l'orchestre, interagit dans l'instant avec les instruments, se glisse entre les pupitres, faisant de chaque lied une douleur que l'on éprouve avec gratitude. Un disque unique : une pierre de plus à l'arche grandiose (plus de 400 opus) de l'œuvre de Wolfgang Rihm. (Jérôme Angouillant)  The singer Christoph Prégardien has documented an important part of his repertoire on more than 130 discs released on various labels. His numerous recordings of German romantic lieder have been awarded prizes such as the Orphée d’Or of the Académie du Disque Lyrique, Prize of the German Record Critics, Edison Award, Cannes Classical Award, and Diapason d’Or. Prégardien’s clear and precise vocal style as well as his intelligent interpretative method and diction, combined with a special talent for capturing the psychological core of a role, have made him one of the leading lyric tenors of our times. On this cpo release he interprets better-known songs by Gustav Mahler as well as Wolfgang Rihm’s Rilke-Lieder, pieces with which he is closely associated. He performed these songs for piano and voice in Stuttgart on 2 February 2002 with the pianist Siegfried Mauser as his accompanist and recorded them in this version dedicated to him. On the present CD, however, the songs are presented in the orchestral version from 2004, which was premiered in Basel on 10 December 2004 with Prégardien and the Basel Sinfonietta under Emilio Pomarico. As might be expected, the orchestral sound offers expanded opportunities for the realization of emotions and moods. This endows Rihm’s music with added feeling.

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