Louis Spohr (1784-1859)
Des Heilands letzte Stunden, WoO 62 (Les Dernières Heures du Sauveur), oratorio de la passion en 2 parties

Johanna Winkel, soprano (Marie)
Florian Sievers, ténor (Evangéliste)
Maximilian Vogler, ténor (Jésus)
Arttu Kataja, basse (Pierre/Nicodème)
Thomas E. Bauer, baryton (Judas Iscariote)
Felix Rathgeber, baryton (Joseph, dit Caïphe)
Magnus Piontek, basse (Philo)
Kammerchor Stuttgart
Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen
Frieder Bernius, direction

Compositeur particulièrement prolifique, Louis Spohr a notamment laissé plusieurs oratorios sur des thèmes bibliques. Ces "Dernières heures du Sauveur" créées en 1837 sont en quelque sorte sa "Passion". Le rôle de Saint Jean y est tout naturellement essentiel car c’est le narrateur de cette passion, mais le chœur y est particulièrement mis en valeur tandis que c’est la Vierge Marie à qui est dévolu le plus bel air de la partition avec violon et harpe solistes (les instruments de Spohr et sa femme), profondément émouvant, juste avant la mort du Christ. Le tremblement de terre qui suit celle-ci, chœur accompagné par ses six timbales et son orgue, est d’un effet quasiment berliozien qui impressionna fort ses premiers auditeurs. Frieder Bernius nous empoigne d’un bout à l’autre de cette partition originale et splendidement écrite, avec un orchestre économe en vibrato, son chœur toujours inspiré et d’excellents solistes. On est touché par la grâce de Johanna Winkel tout comme par le formidable Judas de Thomas Bauer. En revanche, Spohr ne réserve que peu de musique au Christ lui-même, certains pays comme l’Angleterre refusant à l’époque qu’on fasse représenter le Christ dans un oratorio et mettant dans la bouche de Jean les propos du Messie. Mais une fois encore Bernius se révèle un grand découvreur de musique rare, et exhume avec infiniment de musicalité et d’intelligence cette page quasiment oubliée jusqu’à nos jours. (Richard Wander)