 L’envol éclatant qui ouvre le récit passionné de Stanislaw et Anna Oswiecim enflamme le Royal Philharmonic Ochestra, Grzegorz Nowak dirigeant l’œuvre appassionato. C’est le plus bel orchestre qui aura coulé de la plume de Karlowicz, immense instrument où les couleurs abondent, et qu’il faut savoir faire briller tout en faisant entendre les polyphonies moirées, la lyrique sombre et sensuelle qui n’est pas sans évoquer celle du Pelleas und Melisande de Schoenberg. Pour le grand récit dramatique de l’Histoire triste, portrait psychologique d’un suicidé qu’on entend se révolvériser, le geste sans pathos, clinique, de Nowak impressionne plus que bien des interprétations boursoufflées de pathétisme. Retour d’un brio insensé pour le carnaval de sons piquants, foudroyants, irrésistibles de l’Episode durant une mascarade, l’œuvre est restée inachevée, interrompue par la mort tragique de Karlowicz d’un accident de ski dans les Tatras, Grzegorz Fitelberg la compléta, exaltant encore la palette versicolore de son ami, membre éminent du Groupe Jeune Pologne. Etrange, entre les poèmes symphonique s’intercale l’Allegro de concert op. 46 de Chopin, pièce mineure que le pianiste Konrad Binienda habille d’un orchestre un peu bavard, une curiosité qu’il joue avec gout et de belles sonorités. Et maintenant, que Grzegorz Nowak nous offre plus de Karlowicz, à commencer par les trois autres poèmes symphoniques. (Jean-Charles Hoffelé)  Karlowicz fut violoniste et éditeur. Il apporta son soutien à la jeune école polonaise (plus connue sous le nom de Groupe Jeune Pologne). Philosophe à ses heures, son style d’écriture musical est celui d’un post-wagnérien influencé par Strauss et Tchaïkovski. Chez Karlowicz, c’est avant tout la ligne mélodique qui s’impose. Trois des six poèmes symphoniques qu’il composa et que nous entendons, font indubitablement songer au jeune Strauss, mais aussi à Rachmaninov. "Histoire triste" est d’un esprit très cinématographique avec de grandes envolées lyriques. La pièce évoque « la psychologue d’un homme suicidaire » selon les propres mots de Karlowicz. La chaleur des amples phrases musicales disparaît au profit de teintes glacées. "Episode de Mascarade" fut achevé par Fitelberg, après la mort du compositeur. Cette musique magnifique conte l’histoire d’un amour malheureux. La partition est assez proche du "Don Juan" de Strauss et sonne avec une étonnante modernité. La lecture brillante de Nowak s’appuie sur un orchestre anglais efficace, mais parfois un peu brouillon. "Stanislaw et Anna Oswiecimowie" fait également songer aux poèmes symphoniques de Strauss avec un chromatisme exacerbé. Enfin, petite curiosité en complément des partitions de Karlowicz : l’orchestration de l’Allegro de concert de Chopin. Le soliste Konrad Binienda est l’auteur de cette version très respectueuse de l’approche de l’accompagnement orchestral dans les œuvres concertantes du compositeur polonais. Instructif. (Jean Dandrésy)  Mieczyslaw Karlowicz is currently most often associated with songs and symphonic poems. Although the musical language of the Polish artist, who died an untimely death, can undoubtedly be considered universal (evidenced by his solo piano compositions, plenty of ingenious harmonic solutions, yet rarely performed now), it was on the basis of the symphony that he mastered his compositional technique. This album includes as many as three poems by one of the greatest Polish symphonic musicians performed by the Royal Philarmonic Orchestra. In addition, the CD features Allegro de concert, Op. 46 by Fryderyk Chopin in Konrad Binienda’s original arrangement. As the pianist himself points out, his version, unlike many others, is based solely on the principles of the Chopin orchestration. The recording was made during a concert of the Orchestra in the concert hall of the Lódz Philharmonic.
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