Dimitri Kabalevski (1904-1987)
Quatuor à cordes n° 1, op. 8
Quatuor à cordes n° 2, op. 44

Quatuor Stenhammar

Issu d'une famille d'intellectuels de condition modeste, Dimitri Kabalevski (1904-1987) ne se destinait pas à la musique mais des études au conservatoire de Moscou auprès de Catoire et de Miaskovski et un goût prononcé pour les arts, décidèrent de sa vocation. Au contact de Goldenweiser, il compose d'abord pour le piano (un concerto, une sonatine), quelques mélodies puis un premier quatuor à cordes (1928). Il fait partie un temps de l'union des compositeurs soviétiques, y défend Chostakovitch, l'Opéra Lady Macbteh de Mensk en proie à la censure de Staline. Puis il devient professeur au conservatoire et atteint la célébrité à partir de 1940. Le second quatuor à cordes date de 1945. A cette période Kabalevski éprouve des difficultés pour composer. Il subit les foudres de Jdanov qui le taxe de « formaliste » et qui l'obligera à une auto-critique humiliante devant ses confrères. Le quatuor est une œuvre de rebelle, d'une coupe sévère, puissante et tendue, évoquant parfois Chostakovitch ou Bartok. Les mouvement s’enchaînent sans véritable pause : Allegro motorique, Andante d'un doux lyrisme, l'inévitable Scherzando piqué, un sombre Adagio (archets fouettés, basses menaçantes) et un Vivace bourru. Voilà un condensé de colère et d'amertume qui a pu effectivement épuiser son auteur. Le Premier Quatuor, composé en des temps plus cléments, est d'une veine rhapsodique apaisée, l'Allegro reste moderato, le Vivace joueur, l'Andantino contemplatif et le Final énergique puise dans le folklore. Interprétation superbe, franche et nuancée, du quatuor Stenhammar. (Jérôme Angouillant)

Dmitri Kabalevsky composed a mere two string quartets, in this category hardly a quantitative match for his fellow Dmitri (Shostakovich). His first quartet of 1928 from his late study years with Nikolai Yakovievich Myaskovsky is a work structured with great refinement not only fulfilling academic requirements but also representing a remarkably independent achievement. His second quartet from the period immediately after World War II very dramatically reflects the events of the preceding years. Here Kabalevsky produced a work of extraordinary eloquence with a clear per aspera ad astra arising from the horrors of the war and its end but in no way limited to this aspect. It is known that Serge Prokofiev was looking a bit over Kabalevsky’s shoulder while he was composing, but the result is of course in no way a stylistic copy.