 Il est toujours fascinant d’être confronté à une œuvre vocale polyphonique du Moyen-âge. La "Missa Prolationum" en est un parfait exemple. Son écriture combine habilement ordre mathématique, symboliques musicales liées au divin et impression de liberté des lignes vocales. Une polyphonie à quatre voix se déploie composée de volutes aériennes s’enchevêtrant, se croisant, se rejoignant, s’écoutant, au cheminement sinueux et linéaire à la fois, aux harmonies ouvertes et âpres pour l’auditeur d’aujourd’hui et pourtant suaves en même temps. C’est là tout l’art d’Ockeghem que d’associer liberté et ordre, l’écriture horizontale de la mélodie et celle verticale de l’harmonie menant à un art épanoui au service de l’expression divine. Si l’on sait qu’à l’origine seules deux voix sont écrites générant chacune une voix de canon qui n’est pas notée, et que donc deux canons fonctionnent ensemble tout en étant différents l’un de l’autre, alors on aperçoit une partie de la complexité de l’œuvre comme de l’interprétation. Pourtant le résultat est limpide, apaisant et parfaitement maîtrisé par l’ensemble "L’Ultime parola" qui fait ressortir chaque nuance de la partition. (Laurent Mineau)  Missa prolationum est l’une des oeuvres les plus exigeantes et les plus fascinantes de l’histoire de la musique, presque comparable à L’Art de la fugue de Bach, et si elle n’est que trop rarement interprétée, c’est bien en raison de son inabordable complexité. Rares sont ceux et celles qui savent encore aujourd’hui que Johannes Ockeghem est à la musique de la Renaissance ce que Léonard de Vinci et Michel-Ange sont aux beaux-arts. La totalité de la messe est exécutée en canons. On ne peut qu’être subjugué et appelé par l’exceptionnelle conduite des voix. L'ultima parola, l’ensemble fondé exprès pour cette production, galvanise par son approche équilibrée, qui octroie absolument la même place à la musique et à la poésie, ainsi que par la beauté de son timbre et de son intonation.  The Missa Prolationum is one of the most ambitious and fascinating works in musical history, comparable, for example, with Bach’s Art of Fugue. It is performed only very seldom owing to its horrendous difficulty. Only few people know today that Johannes Ockeghem was as important for the whole of Renaissance music as were Leonardo and Michelangelo for their arts. The entire Mass is constructed entirely of canons. The listener is especially fascinated and challenged by the unprecedented and still unique part writing. Ensemble “L’ultima parola,” which was founded expressly for this recording, delights with its balanced, absolutely congenial concept of the music and poetry, its tonal beauty and intonation.
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