1938, Hindemith va s’exiler, il emporte dans ses valises un Quintette à la distribution surprenante : clarinette, violon, violoncelle, piano, une partition où souffle encore le vent iconoclaste de ses années de jeunesse. Sharon et ses amis la persifflent, s’amusent à ses carrures néobaroques, savourent ses rythmes de danses. Merveille, la pastorale nocturne que l’Andante déploie semble venir d’un autre monde, belle comme un Klee, et il faut entendre comment Sharon Kam en respire le rêve étale. Réfugié aux Etats-Unis, la clarinette ne quitte pas Hindemith lancé dans une importante série de sonates dédiées aux instruments à vent, bois ou cuivre. Celle pour clarinette montre un éclaircissement des textures et de l’harmonie, se double d’une liberté agogique qui sera typique des œuvres de la période américaine, les couleurs chaudes s’imposant à mesure. Il faut lui donner une ampleur rapsodique que Sharon Kam trouve d’emblée, Enrico Pace assurant tout un contrepoint de paysages. Magnifique, comme le grand geste avec lequel la clarinettiste emporte le flamboyant Concerto écrit à l’intention de Benny Goodman en 1947. La guerre passée, Hindemith y retrouve les élans fulgurants de la symphonie qu’il tira de Mathis der Maler. Est-ce son retour en Allemagne ? – il compose l’œuvre durant l’été, près de Francfort- Hindemith renoue dans le premier mouvement et dans le Ruhig, avec le langage de son chef d’œuvre lyrique qui lui aura valu d’être mis à l’index par les nazis. Mais le scherzo (Ostinato) ébroue des rythmes de jazz, portrait vivant de son commanditaire. Daniel Cohen fait rugir son orchestre, Sharon Kam joue en grand son cet admirable Concerto trop peu souvent enregistré, achevant de rendre ce disque parfait indispensable. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Malgré une œuvre prolifique, la musique d’Hindemith reste trop souvent méconnue. La clarinette est ici mise à l’honneur. De l’ampleur symphonique du Concerto (1947) à l’intimité de la Sonate (1939) en passant par le Quatuor (1938), on a tout le loisir d’apprécier l’intérêt musical que représente la clarinette à travers ces pièces ainsi que les qualités d’écriture du compositeur. Dans le concerto, la clarinette est tant brillante que lyrique au sein d’une orchestration aux couleurs chatoyantes. Une importance particulière est accordée aux pupitres des cordes et des bois colorés quand nécessaire par les accents incisifs des trompettes et percussions. La délicatesse et l’art du contraste caractérisent le quatuor entre rythmes allants et lyrisme passionné et profond. Les quatre instruments jouent rarement en tutti. Cela crée des effets de timbres ondoyants qui, associés aux qualités mélodiques et aux variations de nuances, dégagent une sensualité enivrante. La dynamique sonate est chantante et volubile privilégiant les qualités expressives et le large registre de la clarinette. Ces œuvres bénéficient d’une qualité d’écriture attrayante captant l’attention de l’auditeur tant par la variété du rythme, le charme du discours que par le travail sur le timbre et un lyrisme saisissant. (Laurent Mineau) Even if some still consider him ‘too modern’ today, Paul Hindemith, who was born in Hanau, Hesse, is undoubtedly one of the most influential German composers of the generation after Richard Strauss. Few of his colleagues found their way into the international repertoire to the extent that he did, or influenced subsequent generations through his equally extensive educational work. All three works for clarinet featured on this recording date from years of extensive travel: the Quartet for Clarinet, Violin, Cello, and Piano was written in 1938, around the time of his emigration to Switzerland; the Sonata for Clarinet and Piano in 1939, during the course of tours of the USA that immediately followed his emigration; and the Concerto for Clarinet and Orchestra (written for and premiered by Benny Goodman) in 1947, when Hindemith interrupted his American exile to visit Europe again for the first time after the Second World War. Sharon Kam has teamed up with her long-standing musical partners Enrico Pace (piano), Antje Weithaas (violin), and Julian Steckel (cello) for the chamber music items on the album, and with the Frankfurt Radio Symphony under the musical direction of Daniel Cohen for the concerto.
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