 Henryk Szeryng déroule les longues phrases du Concerto de Nardini d’un archet qui semble infini. La beauté du son, le galbe de la phrase, l’art du trille coulé dans la ligne, j’avais oublié qu’il pouvait être aussi poète. Et virtuose aussi, dans les élans et les rêveries du 4e Concerto de Vieuxtemps, qu’Hans Rosbaud dirige comme du Bruch, ample, résonant, y mettant des paysages inédits. Tout ce nouvel album de la série violonistique tirée des archives de la SWR par Hänssler Classic documente leur collaboration, jamais illustrée au disque, et nous immerge dans l’âge d’or de l’art de Szeyring, ces années cinquante durant lesquelles il grava pour le label Odéon des microsillons devenus mythiques. Sommet du disque, un Concerto de Schumann qu’après Georg Kulenkampff et Yehudi Menuhin, Henryk Szeryng remit à l’honneur au concert puis au disque, en gravant la première version stéréophonique pour Philips sous la baguette d’Antal Dorati en 1964. Sept ans plus tôt, dans l’accompagnement plus sec d’Hans Rosbaud, tout y déjà, l’éloquence, le feu, à la manière d’un rapsode – comme improvisée. Justement ce ton plein d’esprit et de panache colle parfaitement à Tzigane de Ravel. Voilà bien longtemps qu’on ne trouve plus en CD sa gravure de studio avec Edouard van Remoortel. Celle-ci, toute monophonique qu’elle soit, l’emporte par son caractère capricieux (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)  Parmi les grands violonistes du 20ème siècle, Henryk Szeryng (1918-1988) est souvent considéré comme un maître, même s’il a aujourd’hui disparu de la mémoire collective. Sa renommée n’est certes pas comparable à celle de Jascha Heifetz, David Oistrakh ou Yehudi Menuhin, références absolues de l’archet, bien qu’il fût régulièrement cité à leurs côtés. Ses brillantes performances en qualité de soliste amenèrent les grandes maisons d’édition discographique à se disputer ses faveurs, et il devint un collaborateur régulier des orchestres les plus prestigieux, reconnu comme un spécialiste de certains répertoires tels les grands concertos de Beethoven ou encore Brahms. En 1955, c’est aux côtés de l’Orchestre Symphonique de la SWR, placé sous la direction du grand Hans Rosbaud, qu’il évolue. Ces enregistrements présentés ici, une version romantique du concerto en mi mineur de Pietro Nardini et le très populaire concerto pour violon n° 4 d’Henri Vieuxtemps, furent suivis en 1957de versions studio de la « Tzigane » de Ravel et du concerto pour violon de Robert Schumann, également au programme de ce disque. Le profond attachement de Szeryng pour ces partitions souvent négligées en fit l’un des premiers violonistes majeurs, avec Kulenkampf et Menuhin à reconnaître la grande virtuosité de ses œuvres et à les jouer en public.  Among the great violinists of the 20th century, Henryk Szeryng (1918-1988) was once regarded as a supreme master, but has now faded from memory. Szeryng‘s fame is not comparable to that of Jascha Heifetz, David Oistrakh, Nathan Milstein or Yehudi Menuhin, although he was often mentioned along with them. No question, his performances set standards, the major record companies vied for his favor, and he was a popular guest at major orchestras throughout the world. In the great concertos by Beethoven and Brahms, he was considered authority and even today, remains for Hilary Hahn, a preeminent Bach interpreter. Henryk Szeryng performed in Germany regularly over the decades. In 1955 Szeryng played with the Sinfonieorchester des Südwestfunks under the direction of the legendary conductor Hans Rosbaud. These live recordings of a Romantically-edited version of Nardini‘s E Minor Concerto and the popular fourth concerto by Vieuxtemps was followed in March 1957 by studio recordings of Ravel's "Tzigane" and the Robert Schumann‘s Violin Concerto. Szeryng had a very special sympathy for this neglected score that his heard in one of his first recordings of it. Szeryng was the first major violinist after Kulenkampff and Menuhin to recognize the value of this grandiose masterpiece and it play publicly.

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