 En 1906, Anton Webern consacra sa thèse à l’œuvre d’Heinrich Isaac. Il sortait alors d’un oubli de plus de quatre siècles ce compositeur majeur de la Renaissance européenne. Il vantait « la grandeur de son art », et le comparant à ses grands contemporains, Obrecht, Josquin, il louait « la manière qu’il a de garder toujours une extrême vivacité et indépendance des voix » dans la polyphonie. Laurent de Médicis, le « Magnifique », savait assurément dénicher et s’attacher les grands talents artistiques. Mais comment a-t-il pu repérer cet Heinrich Isaac, né quelque part dans le Brabant flamand, un peu après 1450 ? C’était l’époque où les princes italiens s’arrachaient à prix d’or les meilleurs polyphonistes « Franco-flamands » pour la plus grande gloire de leur cour. Ainsi arrivé en 1485 à Florence, Heinrich Isaac restera attaché à cette ville jusqu’à sa mort, en 1519. Même lorsque la débâcle des Médicis, en 1494, puis, peu après, l’avènement de l’austère république théocratique de Savonarole l’obligèrent à trouver d’autres mécènes, en particulier l’Empereur d’Autriche Maximilien Ier, de 1496 à 1512, avant d’y retourner, avec le retour des Médicis, y vivre ses dernières années. Sa réputation avait alors gagné toute l’Europe. Ce sont des chefs d’œuvre de la polyphonie Renaissance, encore inédits, que nous offre le bel ensemble de voix d’hommes « Cinquecento », spécialisé dans la redécouverte du patrimoine musical de ce siècle, avec déjà quelques belles réalisations à son actif. De l’œuvre immense d’Heinrich Isaac, très peu a encore été gravé au disque. Les « Cinquecento » ont commencé à combler ce vide : Vite, la suite ! (Marc Galand)

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