Haydn Airs dopéras Saturova Marchi - C782091 - Orfeo - Classique - Nos labels

On l’oublie trop, Haydn fut un compositeur lyrique majeur qui n’eut qu’un défaut : même d’Esterhazy se mesurer à Salieri et devoir s’avouer vaincu devant le génie de Mozart. Mais Dieu que ces opéras sont irrésistibles, bouillonnant, trépidant, et écris avec une folle virtuosité ! Dès le début de l’album, commencé par l’air du Génie de son "Orfeo", les pyrotechnies fusent, crânement assurées par la colorature dardée de Simona Saturova. Pour la pure virtuosité elle sera sans rivale, moins pour les lignes pures de certaines cantilènes, mais toujours elle les animera avec un vrai sens du théâtre, aidée par la battue quasi scénique d’Alessandro de Marchi, infusant à l’Orchestre de la NDR quelques éléments d’une lecture historiquement informée. Merveilleux album, fêté de l’autre côté du Rhin alors qu’il était passé relativement inaperçu chez nous, le revoici, occasion de se plonger dans quelques trésors oubliés, et de découvrir tous les talents de cette belle chanteuse au long d’une lecture émouvante de la plus courue (mais si peu plus) "Scena di Berenice". (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Pourquoi les opéras de Haydn sont-ils si peu représentés ? Musicalement, ils ont peu à envier à ceux de Mozart : même richesse de l’orchestration, même inventivité musicale dans les arias, vocalises tout aussi expressives. Ces opéras mythologiques et allégoriques, dans la jauge du théâtre du Palais Esterhaza autorisaient des fééries scéniques dont nous n’avons plus idée, sans pousser les chanteurs à leurs limites, mais trop chargés d’invraisemblances et de deus ex-machina. Les opéras de Mozart, humains, trop humains, dramatiquement toujours efficaces, parlent encore aujourd’hui à tous les publics, et pour leur malheur, permettent des relectures politiques ou sociales, dont les opéras de Haydn restent exempts. Et dans la discographie, quoi de notable depuis les intégrales d’Antal Dorati ? Quelques belles réalisations isolées comme l’ "Armide" d’Harnoncourt avec Bartoli. C’est dire si l’on accueille ce récital avec joie et curiosité. Et la soprano slovaque Simona Saturova nous y apporte de demi-satisfactions : la vocalisation est souple et précise, mais la trouve parfois à court de souffle. Y manque la fougue d’une Bartoli. La chanteuse déploie des trésors de legato et une réelle mezza-voce, mais le timbre est sans réelle séduction, et la lassitude s’installe vite, un comble chez Haydn ! Un second récital est annoncé par Orfeo. Au programme, des airs virtuoses italiens. (Olivier Gutierrez)