Le label Kairos et le Festival Agora de l'Ircam rendent cette année hommage à Gérard Grisey qui nous a quitté il y a tout juste 10 ans, avec une nouveauté discographique de marque, incluant son œuvre phare, Les Chants de l’amour, ainsi que l’enregistrement en première mondiale de Le Temps de l’Ecume, pour 4 percussionnistes, 2 synthétiseurs et orchestre de chambre.  Le label Kairos fête avec cette parution le dixième anniversaire de la mort du compositeur français Gérard Grisey, et regroupe pour l’occasion deux de ses œuvres majeures : Le Temps de l’écume, pour 4 percussionnistes, deux synthétiseurs, et orchestre de chambre, créé en 1989 par l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de David Robertson. Cette œuvre de Grisey prend quelques distances avec l’un des fondamentaux de l’école « spectrale », la dilation du temps. Dans Le Temps et l’Ecume, il y a une volonté parallèle chez Grisey, d’accélerer le processus. Le résultat final demeure déroutant, même après plusieurs écoutes. L’interprétation est parfaite, Emilio Pomarico est un connaisseur avisé de cette musique (on le retrouve dans d’autres albums du label Kairos). / La deuxième pièce du programme, Les Chants de l’Amour, pour douze voix et bande magnétique, fut composée en 1985, créée la même année sous la direction de Clytus Gottwald, et demeure une pièce absolument captivante, par ses recherches sonores, par la puissance même du langage de Grisey, qui sous ses aspects complexes et constructivistes, dissimule un sens inné des atmosphères poétiques et met en lumière une sensibilité hors du commun – un bol d’air frais dans le paysage musical contemporain. L’interprétation de la Schola Heidelberg, claire, transparente, fluide, manque peut-être parfois de chair. Un disque que les amoureux de la musique du XXe siècle ne devront pas manquer, surtout pour Les Chants de l’Amour… (Pierre-Yves Lascar)  Gérard Grisey est né à Belfort le 17 juin 1946. C’est en Allemagne, au Conservatoire de Trossingen (1963-65), qu’il commence ses études dans ce domaine, avant d’intégrer le Conservatoire de Paris où il recevra une formation classique. En même temps qu’il fréquente la classe de composition d’Olivier Messiaen (1968-72), il suit l’enseignement d’Henri Dutilleux à l’École Normale de Musique (1968) et s’initie aux techniques de l’électroacoustique avec Jean-Étienne Marie (1969). Son séjour à la Villa Médicis de 1972 à 1974 sera l’occasion d’importantes rencontres (le poète Christian Guez Ricord) et découvertes (la musique de Giacinto Scelsi). Les séminaires de Ligeti et de Stockhausen, dans une moindre mesure celui de Xenakis, auxquels il assiste en 1972 dans le cadre des Ferienkurse de Darmstadt, le confortant dans ses propres préoccupations musicales, auront sur lui une influence durable. En 1973, Grisey prend part à la fondation de l’ensemble l’Itinéraire, dont la vocation est de défendre par la qualité de ses interprétations un répertoire naissant aux exigences spécifiques. Les cours d’acoustique d’Émile Leipp à Paris VI (1974-75) poseront le fondement de son approche scientifique du phénomène sonore. À partir de 1982, il a une activité soutenue en tant que pédagogue, d’abord en Californie à Berkeley jusqu’à 1986, puis au CNSM de Paris, ou il enseigne l’orchestration puis la composition. Il meurt le 11 novembre 1998 d’une rupture d’anévrisme. (Copyright Ircam)

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