Christoph Graupner (1683-1760)
Cantate "Ein jeglicher sei gesinnet", GWV 1126/21
Cantate "Zerfließ', mein Herz, in Blut", GWV 1127/20
Cantate "Nun ist auferstanden", GWV 1128/21
Cantate "Christ lag in Todesbanden", GWV 1130/21
Cantate "Du schönes Wohnhaus", GWV 1133/20

Marie Luise Werneburg, soprano
Hanna Zumsande, soprano
Dominik Wörner, basse
Kirchheimer BachConsort
Florian Heyerick, direction

Christoph Graupner (Kirchberg, Monts Métallifères, 1683 – Darmstadt, 1760) est de nos jours éclipsé par son immense contemporain, Bach. Il a pourtant failli lui souffler le poste convoité de Cantor à Saint-Thomas de Leipzig, en 1723. Il n'y a renoncé que parce que son protecteur, le Landgrave Ernst Ludwig, lui promit une convaincante augmentation de ses émoluments. Fils de tailleur, Graupner obtient à 13 ans, grâce à ses talents musicaux, une bourse pour l'école de Saint-Thomas. Il y bénéficie de l'enseignement des cantors Johann Schelle et Johann Kuhnau. En 1706, il est musicien d'opéra à Hambourg, où il s'est enfui pour échapper aux troupes suédoises marchant sur Leipzig. Il y compose de nombreux opéras, d'abord en tandem avec Reinhardt Keiser, puis seul. En 1709, il est engagé par le Landgrave de Darmstadt, Ernst Ludwig. Il restera attaché à cette Cour jusqu'à la fin de ses jours, bien qu'après la mort d'Ernst Ludwig son fils Ludwig VIII oublia souvent de payer ses musiciens. Sa maîtrise des styles d'église et d'opéra le servit. L'opéra de cour avait certes disparu pour des raisons financières en 1722, mais la musique d'église était toujours au programme des concerts hebdomadaires. Il a composé le total impressionnant de 1418 cantates religieuses. Il y conserve le récitatif dans le style du madrigal italien, et l'aria da capo. Il met les textes sacrés en musique avec imagination, que ce soit dans les récitatifs déclamés avec fluidité qu'il aime à instrumenter dans des formes accompagnées, ou encore dans des arias mélodieux aux couleurs sonores changeantes. Même dans ses cantates à plusieurs voix, il prévoit une distribution soliste pour chaque partie vocale, adaptée, comme l'accompagnement, au cadre intime de la résidence de Darmstadt. Le Landgrave de Hesse faisait fi de l'interdiction imposée aux femmes par l'Eglise de chanter : Dès 1709, il avait fait venir de Hambourg deux sopranos de haut niveau. Les parties que Graupner écrivit pour ces sopranos chevronnées reflètent clairement le haut niveau de leur art : Intensité donnée à la rhétorique musicale contrastée, conclusions héroïques riches en coloratures, univers imagés et chatoyants des airs accompagnés...Les cinq cantates présentées dans cet album, composées pour les semaines saintes et les fêtes de Pâques de 1720, 1721 et 1722 permettent aux deux sopranos Marie Luis Werneburg et Hanna Zusamde, ainsi qu'à la basse Dominik Wörner de déployer tout leur talent pour nous faire apprécier à sa juste valeur le charme de ces cantates. (Marc Galand)

This CD production continues the successful recording series of recent years with works by Christoph Graupner. The first project in 2017 focused on Epiphany cantatas with the Finnish concertmaster Sirkka-Liisa Kaakinen. Rudolf Lutz from St. Gallen led the second project in 2018 with solo & dialogue cantatas. In 2020, cantatas with obbligato bassoon and Sergio Azzolini as bassoon soloist were on the program. In the present recording all cantatas for two sopranos and bass were selected, edited from the autographs and recorded for the first time. The five cantatas, written in the years 1720 and 1721, form a church year arc from Holy Week through Easter to the Sunday Jubilate. The trio instrumentation of the vocal group with two sopranos and bass corresponds to a 17th-century tradition to which Graupner evidently consciously took up here. Another special feature of church music at the Darmstadt court was that Graupner was able to have the soprano parts performed by professional singers. This allowed him to draw on a wide range of expression and high virtuosity in his compositions.