 On ne jurait que par les vocalités italiennes et l'opéra, le tapage frelaté d'un Meyerbeer ou les diaphanéités d'un Boieldieu. On baillait à toute musique instrumentale, on fusillait ce jeune Gounod comme wagnériste. Lequel, très marqué esthétiquement par Ingres, rencontra la sœur Fanny lors de son Prix de Rome, puis à Leipzig le frère Félix (1843). Mendelssohn, bien sûr. Donc, hors de tout intérêt public, c'est au milieu de son siècle qu'il composa deux symphonies peu fréquentées (et une troisième inachevée). Enjambant la pleine pâte beethovénienne, elles relient surtout, en les faisant bien mousser, la verve haydnienne et l'élégance de l'auteur de la Symphonie italienne. L'avenir à reculons ? Gounod plutôt, dirait-on aujourd'hui, partisan de la ligne claire... Quelle finesse cet allegro de la première symphonie (ici en concert), quel dialogue subtil entre les pizzicatis des cordes et les vents dans l'allegretto : on a envie de crier bis ! Et toute la seconde symphonie est un petit chef d'œuvre, irradiant une lumière méditerranéenne. Avec des interprètes parfaits : orchestre coutumier de l'opéra, mais chef également violon solo ayant tâté de la souplesse baroque. En découlera la Symphonie en ut de Bizet. Mais enfin ce Gounod, ayant porté un temps le plus onctueux habit ecclésiastique, tout en mettant en opéra fantômatique une Nonne sanglante préfigurant le plus gothique de nos films gore ! Et le seul à pressentir le génie d'un jeune impétrant, comment déjà ? Debussy. Conclusion laissée à Fauré (qui, comme Saint-Saëns à l'orgue, présida à ses obsèques) : ''Trop de musiciens ne se doutent pas de ce qu'ils doivent à Gounod. Mais je sais ce que je lui dois, et je lui garde une infinie reconnaissance et une ardente tendresse". (Gilles-Daniel Percet)  Bang! A balloon bursts. Bang! A second one. And then a whole bunch of colourful melodies tumble from the Amsterdam Concertgebouw stage. The Netherlands Philharmonic Chamber Orchestra plays as boldly as little children in the street. The slow movement glows inwardly. The audience's hearts are filled with joy. Is that really Charles Gounod, the boring one who wrote that Ave Maria? Everyone listens spellbound to a cascade of rich ideas, artful instrumentation and the sheer joy of playing. They are amazed how, in the midst of all this, the violinist Gordan Nikolic manages to conjure up an atmosphere of simply letting it all happen, which doesn't demand anything of the listener and yet is completely compelling.
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