Le premier enregistrement mondial de la Passion selon Saint Jean de Homilius, ancien cantor de l'église de la Croix à Dresde, par l'actuel cantor de l'église, Roderich Kreile à la tête des Dresdner Kreuzchor et Dresdner Barockorchester.  Homilius, élève de Bach et longtemps cantor à l'église de la Croix, qui fut rapidement détruite, travailla en fait principalement à l'église Notre Dame de Dresde. La combinaison entre l'emploi d'une forme traditionnelle et l'expressivité préclassique de la musique confère à la Passion selon Saint Jean une valeur particulière – l'histoire de la Passion revêt musicalement et textuellement un attrait nouveau et inhabituel. Le rôle du chœur est limité aux chorals et aux chœurs populaires, mais Homilius montre dans le chœur final toute sa maîtrise et justifie sa renommée dans ce domaine. Le cantor de la Croix Roderich Kreile présente l'œuvre de son prédécesseur du 18 ème siècle, interprétée magnifiquement par le chœur de la Croix de Dresde et l'orchestre baroque de Dresde dans un enregistrement de très haut niveau. / Attention, une première mondiale : la Passion selon Saint-Jean de Gottfried August Homilius (1714-1785). Un autre point de vue que celui de Bach, très certainement. En réalité, cette œuvre date d’une autre époque (vers les années 1770), une autre sensibilité prime : le mot d’ordre dans la musique sacrée est le dépouillement, Homilius respecte parfaitement cet idéal de l’époque des Lumières, mais sa musique n’en est pas moins passionnante, notamment dans le traitement des récitatifs et de l’écriture chorale. Le mélomane attentif sera souvent touché par l’immédiateté (CD1, plages 11, 17, 18, CD2, plages 2, 4,), voire par une certaine naïveté (CD2, plage 5 : Air de Basse Ich bin der Allmächtge) qui se dégage du style du compositeur. L’interprétation de Roderich Kreile, à la tête du Dresdner Kreuzchor, dont Homilius fut le Cantor de 1755 à sa mort en 1785, est un modèle : direction dramatique, contrastée, dynamique, vive et légère, également sereine et lumineuse. Tous les protagonistes ont en outre une qualité de diction irréprochable, à commencer par l’enthousiaste Évangéliste de Jan Kobow, et le chœur – un régal constant. Un découverte totale et un très bel album. N’hésitez plus ! (Pierre-Yves Lascar)

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