Giuseppe Corsi (1631-1691)
Cantate "Dalle balze sicane", TriCo 58
Cantate "Cruda legge del moi fato", TriCo 57
Cantate "Me Io volete dire?", TriCo 63a
Cantate "Abbandonato e solo", TriCo 49

Giovanni Battista Vitali (1632-1692)
Extraits de "Partitas sur différentes sonates pour violon"

Giacomo Antonio Petri (1661-1756)
Cantate "Pompe voi che ascondete"

Mauro Borgioni, baryton
Rombarocca Ensemble

Andrea Damiani, archiluth, guitare baroque
Renato Criscuolo, basse de violon
Lorenzo Tozzi, clavecin, direction

Avec ces cantates pour basse, inédites au disque, c'est à une redécouverte de l'œuvre de Giuseppe Corsi que nous convient le baryton Mauro Borgioni et l'Ensemble Romabarocca, fondé et dirigé par Lorenzo Tozzi. L'oeuvre de Corsi, 89 numéros d'opus, ne fut en effet éditée qu'en 2014 par Giovanni Tribuzio, qui signe également le livret de cet album. La date (vers 1631-1632) et le lieu exact de naissance (dans les Abruzzes) de Corsi, de même que ceux de sa mort, après 1691, à Ancone ou à Modène, sont incertains. Il fut pourtant un des plus importants compositeurs de l'école romaine de la seconde moitié du XVIIème siècle. Elève de Carissimi et de Mazzochi, il occupa des postes de maître de chapelle dans diverses villes, dont celui de Sainte-Marie Majeure à Rome. Il fut ordonné prêtre après la mort de sa femme et de ses enfants. Mais en 1677, il fut accusé de viol par l'Inquisition, emprisonné et torturé, et dut s'exiler hors des Etats pontificaux, à Parme puis à Ancone. La cantate « Dalle balze sicane » (Depuis les escarpements de Sicile) nous parle de la fin tragique d'Encelade, ce Géant qui, vaincu par Zeus, fut écrasé par Athéna sous l'Etna, et tenta vainement d’échapper à la mort. La cantate « Cruda legge del mio fato » (loi cruelle de mon destin) semble largement autobiographique. « Abbandonato e solo » transcrit le monologue de Néron tourmenté par ses cauchemars et les fantômes de ses victimes : Il appelle une mort libératrice. La forme de ces cantates, pour voix seule et basse continue, alternant récitatifs et arias, usant d'harmonies complexes, de rythmes inhabituels, de lamentos et d'exigeants morceaux de bravoure convient parfaitement à leur contenu tragique. Elles sont magnifiées par le talent dramatique et la voix superbe de Borgioni. Dans cet album, elles alternent avec des partitas pour violon et violoncelle de Giovanni Battista Vitali, dont les œuvres instrumentales eurent une grande influence sur le développement de la sonate en trio, ouvrant la voie à Corelli. L'album se conclut par une cantate de Giacomo Antonio Perti (Bologne, 1661-Bologne, 1756), l'élève préféré de Corsi. Plus encore qu'une découverte musicologique, cet album est une séduisante illustration de la cantate italienne de la fin du XVIIème siècle. (Marc Galand)

Giuseppe Corsi (c.1631/2–1691), known as Celani, was one of the most important composers of the Roman school active in the second half of the 17th century. Little is known about his origins although, according to historian Pietro Antonio Corsignani, his family belonged to the noble branch of the Evangelisti Corsi family. Born in Abruzzo, he soon moved to Rome to undertake his musical studies, enjoying employment as maestro di cappella in several cathedrals and basilicas in the Italian capital and further afield. Later, during his exile from the Papal State, Corsi had Perti as his pupil, later conducting several of the latter's sacred compositions. Corsi's catalogue of works includes around 23 secular compositions including Cantatas for one voice and basso continuo (TriCo 49–69). The protagonist of the cantata Dalle balze sicane (TriCo 58) is the mythological Enceladus who, having been plunged into the bowels of Mount Etna by the goddess Athena, invokes Jupiter to placate the outrage against him. The character’s 'misfortunes' and 'sorrows' of love in Cruda legge del mio fato (TriCo 57) find analogies with those experienced by the composer. The first aria in this cantata is rich in complex enharmonics, greatly expanded and varied in the repeat, when the voice is engaged in difficult bravura passages. The cantata Abbandonato e solo (TriCo 49) begins with a veritable monologue from Roman emperor Nero, tormented by his past ghosts. The cantata on this album by Giacomo Antonio Perti (1661– 1756), Pompe, voi che ascondete, although attributed to Corsi’s favourite pupil, is in fact still of unproven authorship. It is possible that Giuseppe Corsi met Giovanni Battista Vitali (1632–1692). The two composers in 1685 took part in the famous dispute over parallel fifths in Arcangelo Corelli's Sonata Op.2 No.3. The bass of the violin family, of which Vitali was a virtuoso, was widespread thanks to the Este patronage of Duke Francesco I. Called violone or bass, it would soon evolve into the violoncello thanks to the invention of coated strings that made it possible to reduce the size of the instrument. In his cantatas, Corsi repeatedly insists on the B flat grave, a characteristic of violin bass tuning, and the numerous semiquaver passages are particularly agile on the violone, so it is not unlikely that the composer from Marsica had this instrument in mind. It is also for this reason that Corsi's compositions have been joined by some movements from the Partite sopra diverse sonatas for the violone by Vitali that are particularly pleasing.