Giovanni Legrenzi (Clusone, Bergame, 1626 ? – Venise, 1690) fut un des compositeurs les plus renommés de la deuxième moitié du XVIIème siècle à Venise, alors un très prestigieux foyer musical européen. Après différents emplois à Bergame et à Ferrare, il est maître de chapelle à Saint-Marc de Venise de 1685 à sa mort. Il fut surtout célèbre pour sa quinzaine d‘opéras. Les cantates de cette époque étaient de petits opéras : Avec une seule voix, tout au plus deux ou trois, et quelques instruments, alternant récitatifs et arias, elles résumaient en quelques minutes l’intensité et la diversité des passions des grands opéras. Depuis 1620, la cantate pour basse soliste et basse continue était en usage. Par rapport à celles de ses contemporains vénitiens, les cantates de Legrenzi se distinguent par leur plus grande longueur, un contrepoint plus riche entre ligne vocale et continuo, un usage plus fréquent du refrain instrumental, et plus d’aisance dans la transition entre récitatifs et arias. Les récitatifs sont riches en pathos, les arias d’une grande variété ; les fréquentes progressions servent la dynamique du texte. Ces textes n’ont pas la valeur poétique de leurs grands modèles ? Qu’importe ! La musique de Legrenzi les sublime, soulignant la diversité des affects. Et la belle voix de basse de Mauro Biagioni, avec sa diction impeccable (quel plaisir !) et sa sensibilité chante tour à tour l’espoir et le désespoir, le bonheur ou - plus souvent – la douleur de l’amour. La « canzonetta » est une chanson modeste, souvent construite sur un seul vers, d’une écriture simple et verticale, inspirée par la danse. La « sonate » était alors une forme mal définie, adaptation instrumentale de motets ou de canzone. Legrenzi fut le principal promoteur de la sonate en trio qui fit beaucoup pour sa réputation: les trois présentées ici sont parmi les plus belles. L’ensemble fait de cet album une fort belle introduction à l’œuvre de ce compositeur encore trop méconnu. (Marc Galand) The Venetian composer Giovanni Legrenzi (1626-1690) wrote a total of eight cantatas and canzonettas for bass voice with a continuo accompaniment, all but one presented here in new, historically informed recordings by a distinguished Italian ensemble specialising in Italian chamber music of the Baroque. His cantatas are longer than those of other Venetian composers of the period, with richer counterpoint between the vocal part and the continuo and freer movement between recitative and aria. Just as the recitatives are often rich in pathos, so the arias reveal great variety of form in both the vocal and the continuo part. While the continuo part is sometimes spare and at other times more elaborated, it supports the vocal line with naturalistic illustration of the text. Legrenzi often conjures up comical situations for the bass voice: for instance, in the canzonetta Son canuto e d’un bambin, where the words revolve around the idea that there are slaves of love even in old age; or in the cantata Dal calore agitato, where the subject is the erotic dreams of a poor Arcadian shepherd. The three trio sonatas on this recording are among Legrenzi’s best instrumental compositions. They come from the six printed collections of instrumental sonatas, and are all à violino (played in this version on the cornett, which was common practice in the 17th century) and viola da brazzo). Within conventional formal structures, Legrenzi invests these works with a remarkably advanced sense of melody. The impression is Legrenzi was most at home working with a small ensemble, rather than with the larger groups of instrumentalists that had become common in 17th-centuryVenice.
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