Pardon, madame… ? Vous voulez un disque enthousiasmant, plein de rythmes, plein d’humour et qui swingue ? En voilà un ! Kyle Gann s’amuse ici et nous avec. Emballé par ces rythmes, ce swing de la première pièce ? Vous le serez davantage encore par la troisième pièce « Petty Larceny » qui mélange, superpose des passages fameux des sonates de Beethoven, avec beaucoup d’humour. La Hammerklavier, ce colosse impénétrable, est ridiculisée ; l’Appassionata, cette éruption volcanique, est totalement desséchée. Bref, une grande partie de plaisir ! / En continuant la voie initiée par Conlon Nancarrow, Kyle Gann, ce spécialiste de l’œuvre du compositeur, continue là où Nancarrow s’est arrêté en développant ses propres méthodes de travail avec des superpositions de tempos et en mêlant des éléments de la musique populaire et classique dans ses tableaux musicaux vifs et originaux. Sur un Disklavier, contrôlé par un ordinateur, les idées les plus extrêmes techniquement et rythmiquement, pratiquement impossibles à jouer par un interprète humain, deviennent un simple jeu d’enfant. Quant à la musique, elle contient de nombreuses influences stylistiques mais sonne comme rien d’autres. En partant des théories de Cowell et Nancarrow et des expérimentations de La Monte Young, en passant par les innovations de Charles Ives et Harry Partch et en s’appuyant sur les populistes Roy Harris et Virgil Thomson, Kyle Gann a développé son style unique et a trouvé sa propre voie dans la musique éclectique du XXe siècle. (Pierre-Yves Lascar)
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