Dans la famille Mendelssohn, donnez-moi la sœur. Le talent de Fanny n’avait rien à envier au génie de son frère, elle s’en approchait avec un mimétisme flagrant qui éclate au long de ce disque discret où une pianiste courageuse n’ose pas assez. La tempête de l’Allegro maestoso exige probablement d’autres moyens, mais même ainsi, quelle œuvre ! Comme la Grande Sonate, chef d’œuvre qui peut se comparer à celle de son frère, à celles de Schumann, par l’audace impétueuse, l’ardeur lyrique, la forme parfaite qui ne bride pas l’invention. Paula Rios s’y engage avec feu, sans en avoir absolument et l’ampleur de la sonorité et la fulgurance des traits, mais comment ne pas lui rendre grâce d’un album monographique si bien composé et sortant enfin de ce sentier pourtant à peine battue de « L’ Année», du catalogue pianistique de Fanny, le seul opus qui ait attiré l’attention de plusieurs pianistes ces derniers temps. Qui se fera le héros de la poétesse, qui osera graver chaque note de ses cahiers de piano ? Comment simplement expliquer que cela ne soit pas déjà fait. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Parmi les compositrices que l’actualité rappelle à l’attention du public, Fanny Zippora Mendelssohn (1805-1847), devenue par le mariage Fanny Hensel (1829), mérite une place à part. Aînée de quatre années de son frère Félix (1809-1847), elle vit ses talents de compositrice et de pianiste tenus sous le boisseau par son statut de femme, ce dernier n’hésitant pas à écrire : "elle est trop femme. Elle dirige sa maison et ne pense nullement au public ni au monde musical, ni même à la musique, tant que ses premiers devoirs ne sont pas remplis". Or, en dépit de cette mise à l’écart, le catalogue de ses œuvres est abondamment fourni : près de 250 lieder et plus d’une centaine d’œuvres pour piano. Parmi ces dernières la pianiste espagnole Paula Rios a choisi de redonner vie à la "Sonate de Pâques" (1828) que Fanny rédigea un an après la disparition de Beethoven, une œuvre dont les quatre mouvements portent l’empreinte du caractère fougueux de ce dernier, et que l’on pourrait légitimement rapprocher de l’op. 28 dite "Pastorale" du maître de Bonn. Le manuscrit de cette sonate disparut du temps de Fanny et ne refit surface qu’en 1972, avec une interprétation d’Éric Heidsieck (Cassiopée 369 182), avant de disparaître de nouveau jusqu’en 2010 et de voir son manuscrit mis en vente le 28 novembre 2014 à l’Hôtel Drouot par l’entremise de l’Étude Tessier-Sarrou. Depuis Gaia Sokoli, en 2021, a également mis cette Sonate au programme de son disque Piano Classics (PCL 10187). À côté de cette étonnante sonate, Paula Rios propose neuf autres pièces de Fanny, s’échelonnant de 1823 (Andantino en Si bémol majeur), 1824 (Allegro en Ut mineur) à 1846 (Quatre Lieder pour piano), et conclut son enregistrement par la Sonate en Sol mineur de 1843 dont les quatre mouvements, en un format réduit, évoque plutôt la quatrième Sonate Opus 7 en Mi bémol majeur de Beethoven. Que l’ombre de ce dernier et les références à ses œuvres n’offusquent cependant pas le réel talent et la créativité de Fanny Mendelssohn dont Paula Rios défend ici les compositions avec une ardente conviction et un sens avéré de l’expressivité, servis par une prise de son (Gonzalo Noqué) de remarquable qualité. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) Fanny Mendelssohn, a “sister of the Muses” has her mother would call her, was a 19th -century wife, mother and carer, but also made her own musical path and became of one the most important pianists of her time, composing over 400 pieces. The title of the album is a reference to a poem Goethe set Fanny to set it to music, highly spontaneous and experimental. Paula Ríos brings the brilliance and sensitivity needed and guides through Fanny’s piano output, including two first recordings.
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