Doina Rotaru (1951-)
Quatuor pour flûte "Il Pianto del Ghiaccio"
Elégie pour flûte et piano
"Salcia", pour flûtes et ensemble de percussions
"Aux portes du rêve", pour flûte et percussion
"Dragonfly", pour flûte piccolo seule

Iva Ugrcic, flûte, flûte alto, flûte basse, flûte piccolo
Sakoto Hayami, piano
Dave Alcorn, percussion
James McKenzie, percussion
Garrett Mendelow, percussion
Michael Koszewski, percussion

C'est en termes quelque peu hermétiques que la compositrice roumaine Doina Rotaru, née en 1951 évoque le processus de création de ses œuvres : « j'ai utilisé des principes structurels liés à des valeurs et des fonctions symboliques — comme le cercle ou la spirale, les nombres sacrés, etc. Le symbole devient une idée de composition et cette idée engendre structure, temps musical, syntaxe, architecture et expressions de l'œuvre. J'aime aussi recourir à des éléments de la musique traditionnelle roumaine où presque chaque son est enrichi d’ornements, de glissandos, de micro-tons, de sons saturés et, bien sûr, [d'éléments] hétérophoniques. Cette musique [...] est extrêmement nostalgique, créant une atmosphère mélancolique et un sentiment de beauté douloureuse ». L'ensemble de l'œuvre dépasse aujourd'hui les 120 opus ; dans une bonne trentaine d'entre eux, l'instrument privilégié est la flûte, seule, formant groupe et souvent renforcée par des percussions. Rien d'étonnant à cela : l'idiome contemporain de Doina Rotaru reprojette la mémoire bucolique et élégiaque des anciens répertoires populaires que métaphorise et métamorphose tout un travail élaboré sur le son et le souffle : distorsions, modulations, fluctuations, dilatations des flux, épissures et évanescences des trames, qu'agite (écoutez les "Portes du Rêve" !) le splendide jeu des tintinabulations, frottements, battements, glissements et choc des percussions. Mais l'insistance facile et trop « cinématographique » des effets nocturnes, sinistres et presque draculesques générés par l'évocation sonore plutôt stéréotypée d'une «nature » animale, végétale minérale, menacées (complainte ou déploration des glaciers etc...) gâche, hélas, quelque peu l'ensemble. (Bertrand Abraham)

Gates of Dream features a selection of solo and chamber works for the flute family by the Romanian composer Doina Rotaru as performed by Serbian flutist Iva Ugrcic. Rotaru works with archetypes and symbols that she carefully weaves into liquid- like heterophonies, blending archaic Romanian influences with contemporary techniques and structures. With the flute as her chisel, she sculpts inventive sonorities while drawing from the past evoking a melancholic atmosphere and feeling of a painful beauty. Award-winning flutist Iva Ugrcic (pronounced Ooo-gr-cheech) is one of the most exciting and adventurous flutists in the international pantheon. Winner of The American Prize in Woodwind Performance 2023, named BRAVA Magazine’s 2022 “Woman to Watch” and “Musician of the Year for 2018” by The Well-Tempered Ear, Ugrcic is known for her technical brilliance, expressive musicianship, and remarkable versatility. She has garnered international acclaim for her performances, both as a soloist and a collaborator in chamber and orchestral settings in venues across the world.