 Carl Philipp Emanuel Bach se régala des évolutions de la facture claviériste de son temps : les grands clavecins italiens y voisinaient avec quantité de pianoforte de toutes venues, il avait sous ses doigts des mécaniques toujours plus efficaces et des instruments toujours plus colorés où il pouvait épancher son génie des humeurs, son art de la dramaturgie, sa virtuosité capricieuse. Les interprètes historiquement informés se sont emparés des nombreux concertos qu’il aura dévolu aux divers claviers, Michael Rische ose les jouer sur un piano moderne, et stupeur ! sous ses doigts véloces, ils ne perdent rien de leurs inventions. Son jeu de grand caractère se garde bien du classicisme que s’autorisent tant de pianistes abordant les œuvres du père de Carl Philipp Emmanuel, Michael Rische excelle à faire entendre le génie singulier, si expressif, le ton Sturm und Drang, la vocalité des œuvres de son fils, inclassables, qui sont comme posées en équilibre entre deux mondes. Les quatre CD s’écoutent d’une traite tant les œuvres savent surprendre à nouveau sculptées dans le plein son du piano, expérience passionnante jusque dans les fantaisies supplémentaires du Concerto pour deux claviers où le rejoint Rainer Maria Klaas, comme dans le discours à nue du Concerto en sol majeur, dévolu au clavier seul. Et si demain Michael Rische allait justement explorer les opus en solo ? (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Clavecin ou piano, pour les concertos de CPE Bach ? Voilà un coffret qui va alimenter le débat ! Rische opte en effet pour un piano moderne, encouragé dit-il par Harnoncourt à qui il avait exposé le projet. Mais le texte allemand de la notice montre que le vieux maître avait choisi des termes bien ambigus… Pour l’éditeur des partitions (le Packard Humanities Institute) pas de doute : clavecin. Mais Rische prend le risque, pour le meilleur et pour le pire. Côté pire : Wq.23, et deux « hambourgeois » (Wq 43/4 et 5) … le premier littéralement volcanique, projetant des bombes incandescentes en tous sens, sans queue ni tête. Les suivants privés de leur orchestre (certes rare, mais non négligeable) : on n’est ni dans l’intégrale BIS de Miklos Spanyi, ni dans les « hambourgeois » de Bob van Asperen (tous deux au clavecin, tiens...). Mais aussi le meilleur avec tout le reste, dont des Wq.14 et 17 pleins de sève et aux « poco adagio » dramatiques à souhait : timbres orchestraux fruités du Kammerorchester (le Kammersymphonie sonne plus classique, mais accompagne sans chef un Wq.22 explosif), pianiste engagé, savant et très technique… voilà le CPE qu’on aime, sortant de l’ombre écrasante de Jean-Sébastien par le truchement de prises de positions esthétiques en rupture : visionnaire et génial. Bilan mitigé donc, et pourtant approche exceptionnelle de radicalité à entendre absolument (mais pas avant de se glisser sous la couette !). (Olivier Eterradossi)  Michael Rische is one of a group of musicians that is small even in international terms, who consistently enrich the music scene with their discoveries. This need not imply a contradiction to the standard repertoire. After recording compositions on the notes “B-A-C-H” from Johann Sebastian Bach to the present during the Bach anniversary year of 2000, Michael Rische has been working with growing success on reaffirming the nearly forgotten piano concertos by his son Carl Philipp Emanuel in the music scene. Since 2011, he has been causing a stir with his recordings so far, and the media have been enthusiastically commenting on his recordings, worldwide. During C.P.E. Bach’s anniversary year of 2014, there was a Europe-wide live broadcast by the MDR in Leipzig featuring two of his piano concertos.
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